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Elguijaronegro
27 avril 2005

De Cantat à la téléviolence

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Trois articles importants : l'un sur le livre publié par Xavier Cantat pour essayer de disculper son frère, Bertrand, l'autre sur la téléviolence qui fait des enfants des tueurs, selon le consultant Jacques Brodeur, et le troisième sur la sexualisation précoce de l'adolescence sous l'emprise de la pornographie.

« Méfaits divers »

« Le dimanche 3 avril, l'émission Tout le monde en parle, de Radio-Canada, accueillait Xavier Cantat, frère de Bertrand Cantat et auteur du livre Méfaits divers. Les propos qu'il a alors tenus nous ont à ce point choquées que nous ne pouvions pas garder le silence.

Xavier Cantat est en quelque sorte venu présenter un plaidoyer en faveur de son frère Bertrand, meurtrier de la célèbre actrice française Marie Trintignant, décédée le 1er août 2003. Nous souhaitons réagir à certaines affirmations qu'il a ardemment défendues.

Revenons tout d'abord sur la distinction qu'il a faite entre les termes « assassin » et « meurtrier ». Nous croyons que l'insistance sur la sémantique avait pour but non avoué de minimiser la gravité de l'agression et des gestes. Que l'acte ait été prémédité ou non, le résultat est le même : la mort violente d'une jeune femme de 41 ans, mère de quatre enfants (...) ».

Lire l'article « Méfaits divers », de Xavier Cantat, un livre non grata », par Caroline Boudreau et Monic Caron de l'Alliance des maisons d'aide et d'hébergement de la Gaspésie pour femmes violentées dans un contexte conjugal et pour leurs enfants.

Quand la sexualité scandalise

L'auteure réagissait à l'excellent dossier sur la sexualité des adolescent-es publié dans Le Devoir des 16, 17 et 18 avril 2005 (« Ados au pays de la porno »).

« ...Il est très difficile de réfléchir calmement à la question de la sexualité dès lors qu'on l'aborde par le biais de la liberté, cette notion si mal définie et donc si largement interprétée. L'être humain n'est-il pas libre de faire ce qu'il veut de son corps ? Conséquemment, les êtres libres ne se rencontrent-ils pas dans un consentement réciproque ? La sexualité ouvre d'abord son chemin dans la rencontre de deux êtres corporels. Nous avons appris que cela doit se faire par la provocation, celle de la femme envers l'homme évidemment. Provoquer, dans ces conditions, signifie allumer l'oeil. Plus que jamais, le rôle de la femme se limite à user de son corps pour se mirer dans le regard de l'homme. Nous baignons dans une société de corps dénudés et nous autorisons les petites filles à tracer leur destin de femmes aguicheuses en leur permettant de se donner à tous les regards masculins qui se poseront sur elles. Ce n'est pas celui du garçon de son âge que la fillette vise mais bien le regard de l'homme adulte qui, s'il est bien capté, vient témoigner qu'elle est sur la bonne voie. Pourquoi avons-nous peur de le reconnaître ?

L'homme adulte est le premier qui devrait se détourner de l'enfant et de l'adolescente provocantes. Mais ce n'est pas ce qui se passe. Avant même de prendre connaissance des études sur la prostitution adolescente, nous n'avons qu'à suivre le regard des hommes dans leur automobile, sur la rue ou dans tout autre lieu public pour constater que la toute jeune fille fait de l'effet. Mais sur quoi cet effet repose-t-il ? ... ». Lire l'article :« Quand la sexualité scandalise », par Sylvie Rochon

Anniversaire de Columbine : quelles leçons en a-t-on tirées ?

« Le 20 avril 2005 marque le 6e anniversaire du massacre survenu à l'école Columbine, à Littleton au Colorado. Les médias états-uniens vont répéter le nom des jeunes assassins. EDUPAX veut examiner les facteurs qui ont contribué au drame. Ce dernier a suscité des réactions diverses. La criminalité juvénile a été pointée du doigt. La sécurité en milieu scolaire a donné lieu à plusieurs questionnements. Pourquoi un tel événement survient-il dans une école secondaire ? Pourquoi ces jeunes ont-ils agi de la sorte ? Quelle était leur cible ? Qu'ont-ils voulu exprimer ?

Le cinéaste Michael Moore a analysé le drame à sa manière. Son film documentaire a attiré des foules record de spectateurs partout dans le monde. Pour lui, la culture consommée par les jeunes à la télé, au cinéma et dans les jeux vidéo n'est pas en cause. Il faut plutôt regarder du côté de la libre circulation des armes à feux et dans la militarisation de l'économie des États-Unis. (...)

Pourquoi les jeunes sont-ils de plus en plus violents aux Etats-Unis et au Canada ? Pourquoi l'augmentation de la violence juvénile frappe-t-elle également en Europe et est-elle devenue un enjeu majeur de santé publique ?Pourquoi le nombre d'enfants du primaire aux prises avec des troubles graves du comportement augmente-t-il lui aussi ? Pourquoi nos enfants les plus troublés se retrouvent-ils en maternelle et en première année ?

Ce n'est pas l'école qui cause la violence, mais c'est là qu'on peut la voir s'exprimer. Chaque année, nos écoles réussissent à socialiser un certain nombre de ces enfants. Pas tous, hélas. Et, inévitablement, certains atteignent le secondaire en conservant leur sous-développement en habiletés sociales. Ils deviennent des ados à risque. Si leur entourage n'est pas enclin au respect des différences, si les sarcasmes et les humiliations ont cours, inévitablement, la frustration augmente et la culture médiatique qui glorifie la vengeance vient aider ces jeunes à passer à l'acte. Cette culture médiatique de la violence, de source principalement hollywoodienne, se propage dans le monde entier. Lire l'article complet : « Anniversaire de Columbine : quelles leçons en a-t-on tirées ? », par Jacques Brodeur, consultant en prévention de la violence.

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vendredi 22 avril 2005

"Méfaits divers", de Xavier Cantat, un livre non grata
par Caroline Boudreau et Monic Caron  Version à imprimer

    Le dimanche 3 avril, l'émission "Tout le monde en parle", de Radio-Canada, accueillait Xavier Cantat, frère de Bertrand Cantat et auteur du livre Méfaits divers. Les propos qu'il a alors tenus nous ont à ce point choquées que nous ne pouvions pas garder le silence.

Xavier Cantat est en quelque sorte venu présenter un plaidoyer en faveur de son frère Bertrand, meurtrier de la célèbre actrice française Marie Trintignant, décédée le 1er août 2003. Nous souhaitons réagir à certaines affirmations qu'il a ardemment défendues.

Revenons tout d'abord sur la distinction qu'il a faite entre les termes « assassin » et « meurtrier ». Nous croyons que l'insistance sur la sémantique avait pour but non avoué de minimiser la gravité de l'agression et des gestes. Que l'acte ait été prémédité ou non, le résultat est le même : la mort violente d'une jeune femme de 41 ans, mère de quatre enfants.

Xavier Cantat s'est attardé à décrire les nombreuses égratignures dont les avant-bras de son frère auraient été marqués, insinuant que Marie Trintignant aurait aussi agressé Bertrand Cantat. Faut-il s'étonner qu'une personne, pressentant sa mort, tente désespérément de se défendre ? De quels moyens de défense dispose une femme en présence d'un agresseur possédant une force physique largement supérieure à la sienne ? M. Cantat, si quelqu'un tentait de vous tuer, resteriez-vous impassible ? Ne vous débattriez-vous pas ?

Comment Xavier Cantat ose-t-il prétendre que Marie Trintignant n'a reçu que quatre gifles alors que son cerveau a subi des dommages tels qu'elle en a été plongée dans le coma, un coma dont elle n'est pas ressortie vivante ? Ose-t-il contredire les chirurgiens qui ont traité Marie Trintignant et qui ont constaté l'extrême violence des coups qu'elle a reçus ? Sans doute est-il moins incriminant de décrire ce meurtre par quatre gifles !

Tout en niant qu'il ait été motivé par un sentiment de jalousie, selon Xavier Cantat, cette même journée, Bertrand Cantat aurait harcelé Marie Trintignant avec une question à laquelle elle refusait de répondre. Est-elle restée muette par instinct de survie ? Appréhendait-elle les réactions violentes de son partenaire ? Après une seule année de fréquentation, soupçonnait-elle déjà chez lui un potentiel de violence ? Nous ne saurons jamais quelles pensées occupaient son esprit en ces derniers instants. Toutefois, rappelons qu'au Québec, près de 14 % des femmes victimes de violence conjugale ont déjà pensé que leur vie était en danger.

Du côté de la victime

Par ailleurs, Xavier Cantat a tenté, de manière implicite, de référer à une santé psychologique prétendument précaire chez Marie Trintignant, allant jusqu'à la qualifier d'hystérique, pour expliquer le sort qui lui a été réservé. On cherche souvent du côté de la victime la faille qui justifierait l'agression mais, au fond, en toute éthique, ne faut-il pas plutôt chercher du côté de l'assassin ou, si vous préférez, du meurtrier ? Les études démontrent que l'homicide conjugal n'atterrit pas sur un terrain vierge ; il constitue plutôt l'aboutissement de multiples autres agressions, toutes motivées par le contrôle et la domination.

Par ailleurs, Xavier Cantat a évoqué à quelques reprises le chagrin qui terrasse son frère, entre autres parce qu'il a perdu la femme qu'il aimait. Avouons que ce dernier n'est pas étranger à cette disparition. À aucun moment il n'a exprimé la moindre compassion pour les proches de la disparue ; au contraire, il a profité de l'occasion pour écorcher la famille Trintignant au passage.

Il a dit anticiper douloureusement quelle sera la vie de son frère à sa sortie de prison, dans quelques années. La famille Trintignant, quant à elle, n'a plus la possibilité d'envisager l'avenir de Marie puisqu'elle a été arrachée à la vie. De plus, comment la tristesse de Bertrand Cantat pourrait-elle se mesurer à celle de la mère de Marie Trintignant, à celle de son père, à celle de son frère et, plus encore, à celle de Roman, Paul, Léon et Jules, les quatre enfants de Marie, qui doivent se résigner à grandir sans elle ?

Xavier Cantat a également profité de son passage à l'émission Tout le monde en parle pour faire la promotion de son livre Méfaits divers. Au nom des 17 femmes qui, en moyenne chaque année au Québec, sont tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, et en la mémoire de Marie Trintignant, nous vous prions de ne pas acheter ce livre. Soyez plutôt solidaires de la lutte contre la violence conjugale en versant un don équivalent au coût du volume (33 $) à la maison d'aide et d'hébergement de votre localité.

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jeudi 21 avril 2005

Anniversaire de Columbine : quelles leçons en a-t-on tirées ?
par Jacques Brodeur, consultant en prévention de la violence 

    Le 20 avril 2005 marque le 6e anniversaire du massacre survenu à l'école Columbine, à Littleton au Colorado. Les médias états-uniens vont répéter le nom des jeunes assassins. EDUPAX veut examiner les facteurs qui ont contribué au drame. Ce dernier a suscité des réactions diverses. La criminalité juvénile a été pointée du doigt. La sécurité en milieu scolaire a donné lieu à plusieurs questionnements. Pourquoi un tel événement survient-il dans une école secondaire ? Pourquoi ces jeunes ont-ils agi de la sorte ? Quelle était leur cible ? Qu'ont-ils voulu exprimer ?

Le cinéaste Michael Moore a analysé le drame à sa manière. Son film documentaire a attiré des foules record de spectateurs partout dans le monde. Pour lui, la culture consommée par les jeunes à la télé, au cinéma et dans les jeux vidéo n'est pas en cause. Il faut plutôt regarder du côté de la libre circulation des armes à feux et dans la militarisation de l'économie des États-Unis. Dans son film « Bowling for Columbine », il s'en prend à Wal-Mart et à Charlton Heston qu'il accuse de se comporter en prédateurs pour glorifier le droit constitutionnel de posséder une arme. Il s'en prend également à des médias qui nourrissent la peur maladive de l'homme noir héritée de l'esclavage et du racisme. Pour disculper les industries du divertissement, Moore compare son pays au Canada ; il soutient que les Canadiens regardent les mêmes émissions, (South Park), courent les mêmes films, admirent les mêmes chanteurs, (Marilyn Manson) et s'adonnent aux mêmes jeux vidéo. Comme les deux pays consomment les mêmes divertissements violents, poursuit-il, et comme les jeunes États-Uniens commettent trois fois plus de crimes violents que les Canadiens, il conclut à l'absolution des producteurs et des diffuseurs.

Il omet de signaler que le taux de crimes violents commis par les jeunes Canadiens et Québécois est le double de celui des adultes. Il omet également de signaler que le taux de crimes violents ne cesse d'augmenter alors que les crimes contre la propriété diminuent ; que cette augmentation (des crimes contre la personne) est nettement plus rapide chez les 15-25 ans que chez tous les autres groupes d'âge. Diverses formes de violence physique et verbale, non criminelle, augmentent elles aussi, surtout chez les jeunes. Elles engendrent des dommages profonds et variés : détresse, isolement, dépressions, suicides. La violence augmente aussi chez les filles, plus rapidement que chez les garçons. C'est ce qu'on constate dans certains milieux.

Pourquoi les jeunes sont-ils de plus en plus violents aux Etats-Unis et au Canada ? Pourquoi l'augmentation de la violence juvénile frappe-t-elle également en Europe et est-elle devenue un enjeu majeur de santé publique ?

Pourquoi le nombre d'enfants du primaire aux prises avec des troubles graves du comportement augmente-t-il lui aussi ? Pourquoi nos enfants les plus troublés se retrouvent-ils en maternelle et en première année ? Ce n'est pas l'école qui cause la violence, mais c'est là qu'on peut la voir s'exprimer. Chaque année, nos écoles réussissent à socialiser un certain nombre de ces enfants. Pas tous, hélas. Et, inévitablement, certains atteignent le secondaire en conservant leur sous-développement en habiletés sociales. Ils deviennent des ados à risque. Si leur entourage n'est pas enclin au respect des différences, si les sarcasmes et les humiliations ont cours, inévitablement, la frustration augmente et la culture médiatique qui glorifie la vengeance vient aider ces jeunes à passer à l'acte. Cette culture médiatique de la violence, de source principalement hollywoodienne, se propage dans le monde entier. C'est elle qui enseigne à nos enfants à tuer, pour paraphraser Dave Grossman, psychologue retraité de l'armée des Etats-Unis, directeur du Killology Research Group et auteur de Stop Teaching Our Kids To Kill : « Videogames give kids and teens the will, the skill and the thrill to kill ».

Prévention

La violence commise et subie par des écoliers et des écolières a favorisé l'apparition de programmes de prévention de la violence, aussi nombreux que variés, dans toute l'Amérique du Nord. Peu de ces programmes, hélas, ont ciblé l'influence de la télévision comme facteur majeur d'augmentation de la violence physique et verbale. L'incidence de la télé sur le comportement des jeunes est pourtant connue. Dans un article du Monde diplomatique traitant des malaises dont souffre l'école, on déplore le « laminage des enfants par la télévision » qui commence au berceau. Ces enfants arrivent à l'école gavés de petit écran dès leur plus jeune âge, jusqu'à cinq heures par jour, avant même d'apprendre à parler. « L'inondation de l'espace familial par ce robinet constamment ouvert, d'où coule un flux ininterrompu d'images, n'est pas sans effets considérables sur la formation du jeune » (2).

Les ravages de la téléviolence

En avril 2003, les grandes organisations professionnelles de la santé et de l'éducation du Québec, - notamment la Fédération des Comités de parents, le Collège des médecins, l'Ordre des psychologues, la Fédération des commissions scolaires, la Centrale des syndicats du Québec, l'Association des médecins psychiatres, etc. - signaient une déclaration conjointe : « La violence télévisée exerce une influence indéniable sur tous les enfants. Elle ne transforme pas tous les enfants en criminels et elle n'est pas seule à influencer les enfants. Mais les études effectuées conduisent toutes à une conclusion unanime. Les risques qu'elle fait courir à un nombre grandissant d'enfants auront des répercussions sur la qualité de vie et le sentiment de sécurité de l'ensemble de la société ».

Tous les parents d'ados savent qu'un nombre croissant d'émissions, de films et de jeux vidéo alimentent leur imaginaire. Hélas, la plupart ne savent pas à quel point la consommation de ces divertissements nuit à leur développement mental et physique. Cela est pourtant démontré. On y utilise des héros fascinants qui règlent les conflits par la violence. On y glorifie la vengeance et la cruauté. La télédiffusion d'émissions et films violents augmente à une vitesse effarante. Pour clouer le bec à Virginie Larivière, les télédiffuseurs ont promis de s'autoréglementer en 1994. Depuis ce moment, les réseaux privés qui diffusent au Québec ont augmenté les doses de violence de 432% au cours des 8 années suivantes. La télé et les jeux vidéo ont nui à nos enfants en remplaçant l'activité physique dans leur vie tout en faisant la promotion d'une alimentation malsaine, responsable de l'augmentation des cas d'obésité. L'influence néfaste de la télé est énorme, elle est connue, vérifiée scientifiquement et abondamment documentée. Pour des personnes soucieuses de rigueur scientifique, ignorer la contribution de la télé à la violence juvénile est devenu impossible.

Tendance réversible ?

Conscient des milliers d'études sur l'influence nocive de la télé, curieux de savoir si cette influence était réversible, Tom Robinson, professeur de médecine à l'Université Stanford, a tenté une expérience audacieuse avec des enfants de San José, en Californie. Il a créé des outils pédagogiques et les a fournis au personnel pour préparer les enfants à se priver de télé et de jeux vidéo durant 10 jours (3). Pour mesurer l'impact, il a pris soin de quantifier la violence physique et verbale avant et après le jeûne. Il a également évalué 20 semaines plus tard. Il a constaté une réduction de la violence verbale (50 %) et de la violence physique (40 %). Il a aussi noté que les enfants les plus agressifs ont accompli les progrès les plus importants (4). En plus, il a aussi noté une réduction significative de l'obésité (5).

Une grève de télé ?

Curieux de savoir si un régime similaire aurait les mêmes vertus dans leur milieu, le personnel et les parents d'une vingtaine d'écoles primaires du Québec et de l'Ontario ont décidé de lancer le « DÉFI de la Dizaine » aux élèves. L'expérience a été évaluée dans 9 de ce ces écoles. Cette année, dans trois écoles du Québec et de l'Ontario, 1159 enfants participent au DÉFI sans télé du 19 au 28 avril. EDUPAX tient à féliciter ces enfants, le personnel enseignant qui les a préparé et les parents qui les accompagnent dans cette aventure où ils apprennent à briser leur dépendance en vivant « un jour à la fois ».

Pour renseignements : Jacques Brodeur, 418-932-1562
Communiqué des 3 écoles participant au DÉFI 2005

ADDENDUM

« DÉFI de la Dizaine sans télé ni jeux vidéo » Bilan dans une école secondaire

En avril 2004, une première école secondaire proposait une grève de télé à ses 950 élèves. Les élèves de l'école Louis-Jacques-Casault, à Montmagny, ont eu l'occasion de relever le Défi, en avril 2004. Une grève de télé et de jeux vidéo de 10 jours constituait pour eux un véritable exploit olympique. Branchés au petit écran entre 15 et 35 heures par semaine, l'ado nord-américain est la cible d'agences de marketing pour lesquelles les moindres replis de l'âme humaine n'ont plus de secrets. Ils savent comment tirer profit de leur vulnérabilité, comment cultiver leur dépendance. Toutes les stratégies leur sont permises, même les plus perverses. Des ados pourraient-ils avoir envie de se mesurer à une telle industrie ? Comment le DÉFI pourrait-il susciter leur intérêt ?

Impact du DÉFI sur des ados

Le conseil étudiant a appuyé le DÉFI avec vigueur, le Conseil d'établissement aussi. Un comité de mobilisation formé de parents a recruté plus de 150 bénévoles et représentants d'organismes du milieu pour élaborer une programmation susceptible d'éloigner les jeunes du petit écran. Les parents se posaient une question : les ados allaient-ils considérer ce DÉFI comme une entrave à leur liberté ou une remise en question de leur dépendance à la société de consommation ? L'évaluation a permis de constater que les ados ont réussi une moyenne de 4,8 jours de jeûne. Quatre sur 5 ont jugé le Défi très ou assez utile. Les deux tiers des parents l'ont jugé très ou assez utile. Les membres du personnel l'ont jugé très utile (40,6%) ou assez utile (59,4%). 86,2% des membres du personnel considèrent ce profit « très » ou « assez » important.

Le bilan

Le temps accaparé par les divertissements électroniques prive les jeunes du temps qu'ils pourraient autrement utiliser pour développer diverses habiletés sociales. La privation volontaire de tels divertissements durant une période de 10 jours a produit un impact sur la qualité de vie des élèves. Le Défi a permis d'augmenter ou améliorer,

* la pratique d'activités physiques pour la moitié des jeunes,
* le temps passé avec des amis pour 45%,
* le temps passé avec les parents pour plus du quart,
* l'aide fournie à la maison pour près du quart d'entre eux.

Il faut donc conclure à une amélioration sensible des rapports sociaux et à un resserrement des liens familiaux.

Ce qu'en conservent les ados

L'évaluation a permis de mesurer les bénéfices du Défi sous divers aspects.

* Violence à l'école. Le DÉFI a entraîné une diminution de la violence physique (selon 32% des répondants) et de la violence verbale (27%).
* Violence à la maison. Le DÉFI a entraîné une diminution de la violence verbale (39% des répondants) et de la violence physique (38%). C'est une amélioration sensible pour plus du tiers des ados.
* Le sens critique s'est aiguisé pour 65% des ados, surtout chez les filles. Cet élément est celui qui s'est le plus amélioré au secondaire. 59% des parents constatent la même amélioration, de même que 9 membres du personnel sur 10.
* La conscience de l'influence de la télé sur les jeunes pour 76% des parents d'ados.
* Une nouvelle dynamique dans l'école grâce au DÉFI ? « Oui » disent 63% des ados, majoritairement des filles. Cette nouvelle dynamique vient au 2e rang des réponses positives au secondaire.
* Une nouvelle dynamique dans la communauté ? « Oui » disent 58% des ados, majoritairement des filles. Cette dynamique vient au 3e rang des réponses positives au secondaire.

Répéter le Défi ?

Ce DÉFI que certains jeunes ont perçu comme une intrusion dans leur vie privée, près des trois quarts des élèves du secondaire (72%) se disent prêts à le répéter. La reprise du Défi est même souhaitée plus vivement au secondaire qu'au primaire. Les ados prêts à répéter sont majoritairement féminins (222/371) tandis que les « non » sont majoritairement masculins (73/141). Les divertissements électroniques exercent manifestement un attrait plus important chez les garçons que chez les filles, d'où l'importance d'insister sur l'impact de la télé sur la masculinité. 79% des parents recommandent à d'autres écoles secondaires de vivre le Défi. La réponse des élèves, des parents et du personnel indique un intérêt certain à répéter l'expérience. La reprise ne devrait pas nécessairement avoir lieu chaque année, probablement plus aux deux ans. Malgré les dérangements qu'un tel DÉFI a pu représenter pour la vie de l'établissement, le personnel de l'école secondaire est le groupe le plus favorable à reprendre l'aventure (89,7%).

Implication des parents et de la communauté

Plusieurs parents, avec l'aide de bénévoles de la communauté, se sont impliqués avec enthousiasme et ont organisé diverses activités alternatives susceptibles de rivaliser avec le petit écran. L'organisme Kino-Québec a contribué à cette programmation. Tous les jeunes et plusieurs parents ont entendu la sonnette d'alarme concernant la consommation télévisuelle. L'expérience a été bénéfique pour plusieurs familles où les jeunes ont refusé de relever le DÉFI. On a noté un rapprochement entre parents et enfants et on a augmenté le rayonnement de l'école dans la communauté. Avantage non prévu, les élèves et leurs parents se sont retrouvés au centre d'une couverture médiatique exceptionnelle. Plusieurs médias écrits et électroniques ont couvert l'exploit avec éloges. En plus d'améliorer leur estime de soi en tenant tête au petit écran, les ados ont attiré l'attention sur leur grève et suscité l'admiration.

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Ados au pays de la porno
Marie-Andrée Chouinard
Édition du samedi 16 et du dimanche 17 avril 2005

Des bambines à tresses qui distribuent les fellations dans l'autobus scolaire. Des garçons de 15 ans qui promettent des cadeaux aux petites de l'école primaire d'à côté en échange de faveurs sexuelles. Des adolescentes qui multiplient les «fuck friends». Des grands de secondaire 4 qui font des concours de masturbation en pleine e. La bamboula du vendredi soir qui revêt des allures d'orgie. Vous en avez assez? Vous n'y croyez pas?


Eux non plus n'y croyaient pas. Dans l'auditorium d'une école secondaire de Montréal, quelques dizaines de parents écarquillaient les yeux et retenaient mal leur ébahissement -- et leur souffle -- devant les propos de cette conférencière invitée par l'infirmière de l'école pour causer ados et éducation sexuelle.

«Je ne veux pas vous alarmer, mais je crois que la situation que l'on vit actuellement dans les écoles est inquiétante», leur avait d'entrée de jeu lancé la sexologue Francine Duquet. «Les jeunes vivent des expériences sexuelles étonnantes de plus en plus jeunes, et la société hypersexuelle dans laquelle ils baignent banalise le phénomène.»

Ces parents ont écouté la professionnelle pendant trois heures. Mal à l'aise au début, souvent consternés, parfois même dubitatifs, ils l'ont entendue brosser un portrait en effet inquiétant des pratiques et du discours sexuels de leurs enfants, qu'on dit de plus en plus précoces. Cela tourmente les spécialistes, qui évoquent maintenant avec assurance la «sexualisation de l'enfance».

L'âge de la première relation sexuelle se situe toujours autour de 15 ans et demi, mais il pourrait bien s'agir d'un leurre puisque la vogue actuelle dans les écoles donne la cote à la fellation, et ce, même du côté des écoles primaires, où vestiaires et toilettes sont souvent sous haute surveillance.

«En ce moment, le primaire est notre baromètre», explique Francine Duquet, professeure de sexologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). «C'est de là qu'on saisit que ce qui se passe est inquiétant.»

Et restez bien accrochés à vos sièges : dans les écoles, la mode est au fuck friend, et ce «copain de baise» n'a pas besoin d'être unique : on peut le multiplier sans engagement amoureux. Les jeunes filles confient pratiquer la fellation dans la pseudo-intimité des cabinets de toilette, en même temps qu'elles révèlent n'avoir jamais embrassé un garçon.

Sans s'afficher comme lesbiennes, les demoiselles pratiquent allégrement les caresses entre elles pour émoustiller les garçons, qui en redemandent. Les trips à plusieurs dans l'obscurité des sous-sols sont monnaie courante, et il n'est pas rare que les garçons du secondaire reluquent dans la cour de l'école primaire d'à côté pour recruter une nouvelle élue... sexuelle.

Dans une école secondaire de Montréal, la direction a même dû composer avec un drôle de phénomène : assis au dernier rang d'une salle de e, les garçons se livraient à un concours de masturbation, coursant pour la première éjaculation, au vu et au su des copains et du prof, consterné et paralysé. Pendant ce temps, dans une école primaire, une fillette de neuf ans s'interroge candidement sur la pertinence d'envoyer à son nouveau petit copain une photo de... sa vulve.

Sensationnalisme que tout cela, dramatisation et démesure, le tout livré à la sauce journalistique ? «Pas du tout», explique la sexologue Jocelyne Robert, qui vient tout juste d'exposer dans le livre Le Sexe en mal d'amour son ras-le-bol face à cette détérioration de la situation, qui se traduit par «une perte de sens et de signification liés au sexuel, un dérapage de cette société qui nage dans la pornographie et qui, en même temps, ferme les portes sur une véritable sexualité».

«Nous n'avons évidemment pas de statistiques officielles sur le nombre de fellations dans les cours d'école, et ce ne sont pas toutes les petites filles de onze ans qui sombrent là-dedans, comprenons-nous bien», confie la sexologue. «Cela dit, ce n'est plus un phénomène anecdotique. Il faut réagir.»

«On ne peut plus être naïfs», renchérit Francine Duquet. «On ne peut plus jouer seulement la carte du "Je vais lui faire confiance" ou "Ça s'peut pas ! Pas mon fils, pas ma fille !". On ne peut plus mettre la tête dans le sable.»

Mme Duquet sillonne le Québec depuis une vingtaine d'années et rencontre parents, enseignants, professionnels et élèves pour les convaincre de l'importance d'une véritable éducation à la sexualité, «qui dépasserait le condom et les MTS pour entrer dans l'univers des valeurs».

Les questions des jeunes l'étonnent. Quoi ? Désormais, on se demande si, lors de la première relation sexuelle, il faut «faire les trois trous» ? On s'interroge à huit ans sur ce qu'est une «bonne pipe» ? Les réactions de certains adultes l'inquiètent. Comment ? Des parents découvrent en catimini que leur princesse de 13 ans utilise comme nom de clavardage «la cochonne» mais n'osent pas intervenir, craignant qu'ensuite, elle ne leur parle plus ? Des intervenants scolaires ne savent pas quoi répondre à un garçon de 13 ans qui se demande si sa petite amie de 12 ans aimerait bien le fist fucking (pénétration avec le poing) ?

«Comment se fait-il que le premier réflexe ne soit pas de dire : "Ça n'a pas de bon sens !" et de questionner le pourquoi de ces questions ?», tonne Mme Duquet, qui s'alarme du doublé dangereux que constituent à la fois le plongeon des très jeunes dans un bain sexuel acidulé mais aussi la réaction -- ou l'absence de réaction -- des adultes qui les entourent.

À question étonnante, réponse étonnante

Vu sur un site de référence destiné aux jeunes : un ado expose un problème qu'il vit avec sa cousine de 12 ans, dont il est amoureux. Lors de leur première relation sexuelle, il tente de la sodomiser et s'interroge sur le fait que la petite crie sans arrêt. «Pouvez-vous résoudre notre problème ?», demande-t-il candidement.

Plutôt que de s'étonner de l'âge de l'enfant et du lien familial qui unit les deux cousins, plutôt que d'expliquer les cris tout simplement par la démonstration évidente que la sodomie ne plaisait pas du tout, les intervenants ont d'abord recommandé l'usage d'un lubrifiant, exposant à coups de détails anatomiques et scientifiques que la pénétration anale n'est pas aussi aisée que la pénétration vaginale, une réponse qui a dû être corrigée à la suite d'une intervention condamnant une réponse aussi réductrice.

La sociologue Diane Pacom, elle, observe tout cela d'un oeil soucieux. «Dans quelle société pornographique est-on en train de les balancer pour qu'on en soit là ?», demande la professeure de l'Université d'Ottawa. «Il y a une pression constante qui vient de partout : la pub, l'industrie musicale, les vidéoclips, la mode, les magazines. Nous sommes en train de renvoyer aux petites filles, aux gamines, un discours qui les "adolescentise". Et la responsabilité ne revient pas à ces jeunes mais aux adultes !»

Partout, en effet, le raz-de-marée sexuel nous submerge. Une publicité télévisuelle de lunettes qui évoque les trips à trois. Un magazine destiné aux ados qui vante les «99 trucs coquins pour amener votre mec au septième ciel». Des boutiques de lingerie féminine qui vantent aux 8-12 ans les mérites du G-string. Les idoles féminines de la chanson qui s'embrassent à pleine bouche lors des soirées de gala. La populaire émission Loft Story, diffusée bien avant le dodo des plus petits, qui renvoie l'image d'une concurrente confiant son appétit du jour : «J'ai envie de manger une grosse queue.»

Société à saveur pornographique, jeunes consommateurs avides de sensations fortes, adultes eux-mêmes vaccinés et parfois hésitants à dénoncer l'inacceptable : un mélange explosif qui donne naissance à des situations inquiétantes devenues le pain quotidien de plusieurs jeunes.

«Il faut faire ce qu'on peut, comme adultes, pour prendre nos responsabilités et protéger nos petits», explique Diane Pacom. «Ce sont des antidotes qu'il faut donner à nos jeunes, un esprit critique plutôt que de leur renvoyer une image coupable, des outils pour les délivrer de ce dérapage pornographique qui est le problème de la société adulte, pas le leur.»

L'ampleur de la situation, nourrie par des rencontres, des courriels, des appels téléphoniques, a créé chez la sexologue Jocelyne Robert le besoin de déverser ce trop-plein dans son livre, qu'elle associe tant à un «cri du coeur» qu'à un «cri d'alarme». «Si j'avais à résumer en une phrase ce qui me frappe le plus dans tout ça, c'est le désarroi sexuel, la perte de sens et de signification liés au sexuel», explique-t-elle en entrevue.

«Quand on me réplique que ce n'est pas pire aujourd'hui qu'avant, je dis : mon oeil !, ajoute-t-elle. Je pense qu'on vit une période qui est sans précédent, une période qui n'est portée par aucune valeur. Avant, on était en amour et on avait des pensées cochonnes. Maintenant, les jeunes baignent de façon extrême dans le sexe, le génital, et ils ont des fantasmes amoureux ! C'est le monde à l'envers !»

C'est dans ce contexte inquiétant que le ministère de l'Éducation a choisi de donner le coup d'envoi à une autre forme d'éducation à la sexualité qui ne «relève plus maintenant d'une seule matière ou d'un seul intervenant mais qui devient la responsabilité d'un ensemble de partenaires», selon les voeux du MEQ. Exit le programme «Formation personnelle et sociale» (FPS), où un certain nombre d'heures étaient allouées à cette portion de l'éducation à la sexualité.

«Plus que jamais, nos jeunes ont besoin d'entendre parler d'éducation à la sexualité», explique Geneviève Lalonde, l'une des rares sexologues au Québec à travailler directement dans une école secondaire. «C'est plus des farces ! On pense à faire des animations sur la pornographie au primaire alors qu'il n'y a pas si longtemps, c'est de menstruations et de poils qu'on leur parlait !»

Embauchée par le CLSC du coin, Mme Lalonde passe désormais toute sa semaine à la polyvalente Montignac, située à Lac-Mégantic, et organise des formations spéciales destinées aux jeunes tout en les rencontrant individuellement. Elle confirme cette modification du paysage sexuel des jeunes et s'alarme de devoir désormais intervenir pour désamorcer des crises... au primaire.

De nouveaux problèmes

«On se retrouve maintenant avec des problèmes que nous n'avions pas il y a à peine trois ans», explique-t-elle, relatant qu'une enseignante d'une école primaire lui confiait récemment que la moitié des filles de sa e de sixième année avaient déjà eu des relations sexuelles. «Les jeunes ont besoin de savoir si ce qui se passe chez eux est normal, et c'est un peu comme s'ils étaient toujours en manque de sensations fortes.»

Quel sort attend ces jeunes qui consomment crûment la sexualité ? Jocelyne Robert croise de jeunes adultes désabusés et des ados dysfonctionnels, mais d'autres stoppent la machine, «écoeurés par cette surdose qui n'a pas été satisfaisante». «Je viens d'entendre parler de ce jeune garçon de 16 ans qui affirme être tellement dégoûté par cette abondance de sexe qu'il a décidé d'être seul et de s'adonner à la lecture», relate Francine Duquet, qui y décèle à la fois un signe encourageant et un symptôme désolant. «Il y a encore des jeunes romantiques qui sont critiques face à cette surenchère sexuelle. Mais il est triste de constater que ces mêmes jeunes sont déstabilisés et déçus... »

Retour dans l'auditorium de cette école secondaire. Le flot d'anecdotes livrées par l'animatrice a laissé certains parents sous le choc; d'autres sont décidés à prendre le taureau par les cornes et à causer sexualité le lendemain au petit-déjeuner. «Vos jeunes veulent vous entendre parler de sexualité et d'amour, explique Mme Duquet. Sous des allures blasées, ils veulent savoir ce que vous en pensez. Si, comme parents, vous ne réagissez pas, si votre silence est le seul signal qu'ils ont, vous leur indiquez que tout cela est finalement très acceptable.»

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Quand la sexualité scandalise
par Sylvie Rochon, professeur de philosophie

    Le dossier préparé par Marie-André Chouinard et Louise-Maude Rioux Soucy sur la sexualité précoce de nos enfants* doit nous amener à réfléchir non seulement sur ce que vivent les jeunes mais peut-être davantage sur ce que représente actuellement la sexualité pour l'être humain qui se targue d'être adulte.

Il serait trop bête de nous contenter d'accuser le ministère de l'éducation ou de hocher la tête devant la naïveté des parents. La sexualité est l'affaire de tous et, dans la mesure où elle est comprise individuellement et acceptée socialement comme le lieu de tous les possibles, sans qu'aucun interdit vienne en baliser l'expérience, comment pouvons-nous sincèrement nous étonner que nos enfants empruntent la voie de l'irresponsabilité ?

Des adultes à éduquer ?

Il est très difficile de réfléchir calmement à la question de la sexualité dès lors qu'on l'aborde par le biais de la liberté, cette notion si mal définie et donc si largement interprétée. L'être humain n'est-il pas libre de faire ce qu'il veut de son corps ? Conséquemment, les êtres libres ne se rencontrent-ils pas dans un consentement réciproque ? La sexualité ouvre d'abord son chemin dans la rencontre de deux êtres corporels. Nous avons appris que cela doit se faire par la provocation, celle de la femme envers l'homme évidemment. Provoquer, dans ces conditions, signifie allumer l'œil. Plus que jamais, le rôle de la femme se limite à user de son corps pour se mirer dans le regard de l'homme. Nous baignons dans une société de corps dénudés et nous autorisons les petites filles à tracer leur destin de femmes aguicheuses en leur permettant de se donner à tous les regards masculins qui se poseront sur elles. Ce n'est pas celui du garçon de son âge que la fillette vise mais bien le regard de l'homme adulte qui, s'il est bien capté, vient témoigner qu'elle est sur la bonne voie. Pourquoi avons-nous peur de le reconnaître ?

L'homme adulte est le premier qui devrait se détourner de l'enfant et de l'adolescente provocantes. Mais ce n'est pas ce qui se passe. Avant même de prendre connaissance des études sur la prostitution adolescente, nous n'avons qu'à suivre le regard des hommes dans leur automobile, sur la rue ou dans tout autre lieu public pour constater que la toute jeune fille fait de l'effet. Mais sur quoi cet effet repose-t-il ? Sur les accessoires qui donnent l'illusion d'un très grand dynamisme sexuel : vêtements dits sexy, tatouages au bas du dos qui invitent à dénuder le bas du corps, déhanchement qui laisse supposer que dans l'acte sexuel la rencontre génitale n'en sera que plus explosive, et recherche d'un regard cru, celui qui dit : « Tu es belle, je te désire ». Les jeunes filles, ainsi que les plus vieilles qui, toute leur vie se voueront à ce pauvre jeu, oublient que la réponse masculine qu'elles viennent de recevoir est renouvelable en série puisque ce type de regard ne cesse jamais de se poser là où afflue la marchandise.

Mais les filles connaissent très tôt le pouvoir du regard de l'homme, et les femmes n'auront pas l'occasion de le désapprendre.

Cependant, quelle est la valeur réelle de ce regard masculin qui dit oui à une multitude de corps ? Regard qui continuera son œuvre entre deux couvertures de revues pornographiques, dans les clubs de danseuses, chez la masseuse versée dans l'érotisme ou encore dans l'exutoire de la prostitution ?

Les jeunes apprennent donc très tôt que la sexualité se limite à la génitalité. Et qu'il ne peut y avoir de vie amoureuse que si la génitalité vibre au contact d'un désir pluriel : l'homme a besoin de s'alimenter à bien des sources s'il veut pouvoir demeurer avec la même partenaire, ne serait-ce qu'en se contentant de regarder les autres filles ! C'est le message que trop d'adultes envoient aux enfants.

Ces derniers comprennent d'ailleurs très tôt le drame adulte puisque leurs parents s'affrontent sur la question de la sexualité. La mère qui souffre, le père qui tourne la tête de tous les côtés, le garçon et la fille ne peuvent en ignorer les tenants et aboutissants. L'adulte qui consomme la pornographie sur Internet ou ailleurs est le premier enseignant d'une sexualité sans richesse et totalement ignorante du potentiel créateur et jouissif qu'elle peut révéler à l'être humain qui la veut apprendre.

Aimer sexuellement

Ne nous trompons point : chercher à s'éduquer sexuellement, par la voie de l'amour librement consenti, ce n'est pas s'enfermer dans des paramètres religieux d'une quelconque nature. C'est cependant poser des balises d'ordre moral, fondées sur le respect intégral de notre personne et de celle de l'autre.

Le philosophe Emmanuel Lévinas (1900-1995) a cherché à démontrer que tout homme est capable de modifier son rapport à la sexualité s'il s'aventure dans la quête du corps de l'autre, une quête toujours inassouvie parce que ce corps est celui qu'habite un être changeant, vulnérable et miroir de notre propre épanouissement.

En effet, que connaissons-nous du corps de l'autre, avec lequel nous prétendons faire l'amour ? Que comprenons-nous de ses intentions, de ses silences, de ses envies, de son potentiel de jouissance ? Quel homme et quelle femme peuvent prétendre avoir fait le tour de l'autre, leur partenaire ? Qui est capable de concentrer dans un seul regard toute l'énergie sexuelle dont nous avons le privilège d'être investis, et de renvoyer à l'autre, dans un dire authentique, la vibration qui commande non pas à jouir de ses organes génitaux mais à se faire mutuellement l'amour dans l'accomplissement de soi ?

Nous ne savons pas aimer sexuellement, et c'est pourquoi nous nous contentons des symboles miteux qui nous donnent l'illusion d'être adultes et libres. Nous ne savons pas qu'il nous appartient d'être créateurs de nos propres repères et que rien ne nous oblige à entériner des comportements socialement programmées.

Lorsque nous aurons le courage d'être adultes et que nous aurons expérimenté le véritable don de soi dans la sexualité, nous verrons sûrement nos enfants sourire à un avenir dans lequel les attend un amoureux ou une amoureuse, porteurs d'un regard authentique et d'un corps exultant pour eux seuls.

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Sexualisation précoce des adolescent-es et abus sexuels
par Franziska Baltzer, pédiatre 

    Voici le texte d'une conférence donnée par la Dre Franziska Baltzer, pédiatre et directrice de la clinique pour adolescents de l'Hôpital de Montréal pour enfants. Ce texte a été rédigé par le Y des femmes à partir d'un enregistrement sur cassette vidéo. Le titre et les sous-titres sont de Sisyphe.

Je dois vous avouer que je suis un peu nerveuse parce qu'il me semble qu'on a beaucoup parlé du phénomène de la sexualisation précoce des jeunes dans les journaux, les stations de radio, à la télévision, etc. J'ai l'impression que vous avez déjà tout entendu, que vous avez déjà tout vu !

Pour commencer, je suis originaire de la Suisse. Je vous dis cela pour vous permettre d'oublier mon accent... (elle parle de sa famille). Pourquoi je m'intéresse au sujet de la sexualisation précoce des jeunes ? Je travaille à la clinique des adolescents de l'Hôpital de Montréal pour enfants. Je suis venue ici pour la première fois en 1983 (ça fait plus de 20 ans) et j'ai d'abord été appelée à travailler à l'Hôpital Sainte Justine. J'y ai vu des adolescents pour la première fois. Aujourd'hui, nous recevons chaque année, à la clinique pour adolescents de l'Hôpital de Montréal, environ 260 enfants ou adolescents qui viennent nous voir pour des abus sexuels. Un tiers des patients est composé d'adolescents, deux tiers sont des enfants prépubères. L'âge moyen est de 7 ans et il y a beaucoup de garçons préadolescents... l'abus sexuel est donc une problématique qui ne touche pas seulement les filles mais aussi les garçons.

Des abus sexuel dès la naissance

À Sainte Justine, c'était la première fois que j'étais en contact avec des abus sexuels. Ce n'est pas quelque chose qu'on nous apprend en médecine ; d'ailleurs, nous n'y apprenons absolument rien sur la sexualité. En matière d'abus sexuel, il y a 20 ans à Sainte Justine, nous étions surtout confrontés à la problématique de l'inceste. Il y avait des adolescents et parfois des plus jeunes encore... Nous nous sommes aperçus, à ce moment-là, que l'abus sexuel commençait probablement plus tôt. Nous étions des avant-gardistes en pensant que l'abus commençait peut-être vers 9 ans ou 10 ans.

Aujourd'hui, je peux vous dire que lorsqu'il y a une situation d'abus sexuel intrafamilial, elle commence dès la naissance. Aujourd'hui, je sais que quand les enfants viennent à la clinique à l'âge de 2, 3, 4 ans et que la mère se rappelle que le père avait une érection quand il prenait le bébé dans ses bras ou sur ses genoux c'est le début de quelque chose qui va aboutir à l'abus sexuel.

La clinique reçoit aussi des adolescentes enceintes. Il y en a près d'une centaine par année. Environ 20 filles vont décider de poursuivre la grossesse et 80 autres vont décider d'avorter. Il est évident que ce sont des adolescentes actives sexuellement. Il y a aussi, à la clinique, 120 nouveaux cas de troubles alimentaires par année. Selon moi, les troubles alimentaires s'apparentent au phénomène de la sexualité précoce. On les retrouvent, eux aussi, de plus en plus tôt : autour de 9 ans. La plus jeune que nous avons reçue à la clinique dernièrement avait 8 ans. C'était un cas d'anorexie, avec toute la perception du corps. Le phénomène est le même que celui de la sexualisation précoce : le malaise avec le corps et probablement avec la sexualité. Selon moi, les troubles alimentaires sont une autre façon de réagir à l'adolescence.

La naïveté prédispose aux abus sexuels

À Sainte Justine, avec les années, nous nous sommes aperçus qu'il y avait aussi des garçons victimes d'inceste. Vers l'an 2000, on a beaucoup parlé des adolescentes qui avaient un premier rendez-vous avec un garçon, rendez-vous qui aboutissait à une relation sexuelle plus ou moins voulue. Aujourd'hui, en 2004 et 2005, nous avons des phénomènes comme Sylvie, une fille de 14 ans que j'ai rencontrée dans un centre de détention où elle avait été placée pour sa propre sécurité et non pas parce qu'elle avait commis un crime. À l'âge de 13 ans, elle avait été violée par un groupe de garçons. Quelques mois plus tard, un homme de 19 ans l'avait approchée et il était devenu son « chum ». Elle avait alors commencé à faire des fugues et finalement, elle avait abouti au centre de détention. Je l'ai questionnée à propos de son copain : elle me disait que c'était un gars gentil et « cute ». Je lui ai demandé pourquoi elle le trouvait si fantastique. Elle m'a répondu qu'il avait une voiture... une BMW. J'ai alors voulu savoir ce qu'il faisait dans la vie pour avoir assez de sous pour se payer une BMW et elle m'a répondu que son copain ne travaillait pas.

À la clinique, nous savions que Sylvie avait eu d'autres partenaires sexuels que son ami. Elle nous a finalement dit que son « chum » l'encourageait à avoir des relations sexuelles avec d'autres garçons ou d'autres hommes. Elle nous a également confié qu'elle ne recevait pas d'argent pour ce genre de services. Je lui ai expliqué que le paiement d'une BMW s'élève à près de 550$ par mois au minimum et je lui ai dis que je croyais que son copain la poussait à avoir des relations sexuelles avec d'autres hommes pour payer sa voiture. Elle s'est rendue compte que la voiture était probablement à elle puisqu'elle permettait à son copain de faire les paiements ! Elle était complètement dépassée, absolument naïve : elle ne se rendait pas compte de ce dans quoi elle était embarquée. Cette naïveté-là, on la retrouve toujours et je pense que c'est très, très important qu'on ne juge pas les jeunes sur ce qu'ils font.

Ce qui nous frappe à la clinique des abus sexuels, c'est, par exemple, cette mère adolescente qui vient nous voir régulièrement avec sa fille. Les parents de la petite fille de 4 ans sont séparés et elle visite son père les fins de semaine. Lors de l'examen annuel, la mère me demande d'examiner les organes génitaux de sa fille. Je lui demande alors pour quelle raison elle souhaite cet examen et elle me répond : « On ne sait jamais ! » Personnellement, je pense qu'il faut examiner les jeunes filles d'un bout à l'autre sans exclure la région génitale car autrement on laisse croire que cette partie du corps n'est pas normale, qu'elle est taboue, qu'elle est sale. J'essaie toujours d'inciter les jeunes médecins à faire un examen complet : on le fait pour les garçons (examen des testicules) et pas pour les filles...

J'ai donc procédé à l'examen génital de la petite fille et je me suis aperçue qu'elle portait une petite culotte sexy : un petit triangle en avant et un en arrière reliés par un string sur les côtés. J'ai voulu savoir qui avait acheté cette culotte. La mère ou le père ? La jeune mère m'a répondu que c'était elle qui l'avait achetée. Je lui ai dit : « Vous voyez, d'un côté, vous avez des doutes quant à la possibilité d'un abus sexuel mais d'un autre côté, vous envoyez votre fille avec une culotte comme ça chez son père ! Quel est le message lancé au père avec des sous-vêtements semblables ? » En fait, la mère n'avait jamais pensé que cette culotte pouvait éveiller certains désirs, certains jugements, certaines idées chez une autre personne. Lors de la visite suivante, la petite fille avait une culotte normale. La mère a été très heureuse lorsque je l'ai remarquée. D'autant plus qu'il n'y avait pas d'abus sexuel chez cette fille.

Pratiques sexuelles à l'adolescence

En 1983, à Sainte Justine, il était clair, pour nous, que les filles qui portaient des vêtements sexy à 6 ans ou 7 ans étaient des victimes d'abus sexuels. Aujourd'hui, rien n'est moins sûr étant donné que ce sont ces vêtements qui sont disponibles dans les magasins, c'est ce que nous achetons : des petits chandails avec les épaules dénudées et toutes les autres choses que nous voyons dans les magazines. On trouve ça normal ! Sans même y penser...

Aujourd'hui, chez les adolescents, on retrouve quatre sujets dont je vais vous parler :
• L'épilation brésilienne
• Les pratiques sexuelles à l'adolescence
• La réputation de « fille légère » à l'école
• Les infections transmissibles sexuellement

L'épilation brésilienne... j'ai vu la définition dans un magazine... C'était d'abord une méthode d'épilation utilisée par des danseuses nues et des mannequins de Playboy. Elles utilisaient cette pratique très douloureuse pour enlever tous les poils pubiens. Aujourd'hui, c'est la mode chez nos adolescentes. À la clinique, lorsque nous procédons à un examen gynécologique, nous sommes surpris lorsqu'une fille a encore du poil pubien ! C'est l'exception ! Ce phénomène date d'environ 3 ans. Il est apparu subitement et maintenant, tout le monde le fait. Aujourd'hui, il y a des filles qui se rasent le poil pubien aussitôt qu'il apparaît. Cette semaine, par exemple, j'ai vu une fille de 12 ans qui avait son poil pubien rasé. Il y en avait une autre, il y a environ 2 ou 3 semaines, qui avait dix ans et elle était rasée. Ce sont les mères qui amènent leurs filles pour se faire raser le poil pubien. La fille de 10 ou 12 ans ne sait certainement pas où aller pour se faire faire ce type d'épilation. Ma coiffeuse m'a confirmé qu'il y a beaucoup de mères qui amènent leur fille pour l'épilation. Je me demande sérieusement ce que c'est que cette mode.

Je ne connais pas la réaction des garçons, étant donné que notre clientèle est principalement composée de filles mais dans le même article de magazine qui donnait la définition de l'épilation brésilienne, il y avait une analyse et des commentaires de dix hommes : sur les dix, un seul n'aimait pas l'épilation brésilienne. Tous les autres ont trouvé une foule de raisons pour apprécier ce type de rasage.

Regardez cette photo (elle montre une photo). C'est le corps d'une petite fille de 4 ans avec les mains et les cuisses d'une femme adulte. Pour moi, c'est très simple : c'est une invitation à la pédophilie. Le message qui est véhiculé aux adultes approuve le fait d'avoir des relations sexuelles ou d'avoir des pratiques sexuelles avec les filles, les jeunes filles, les filles prépubères. On sexualise le corps d'un enfant pour pouvoir l'exploiter. Je ne vois pas d'autres raisons pour expliquer le phénomène. On achète du linge sexy aux enfants, on montre un demi-sein... On peut voir ce type d'image n'importe quand, n'importe où. Cette revue, elle se vend dans des kiosques, au métro et dans toutes les épiceries. En plus, la publication de ce magazine est subventionnée par le gouvernement fédéral. Quand je paie mes impôts, je voudrais enlever au moins 100$ par année : selon moi, il s'agit de pornographie.

On parle beaucoup des pratiques sexuelles à l'adolescence. Les adolescents ont commencé à avoir des relations oro-génitales avant d'avoir des pénétrations : on le constate à la clinique, pas chez tout le monde mais on le voit. Les filles se font appeler le soir et vont faire un « blow job » chez leurs copains pour être « in », pour être appréciées. S'il y a un côté positif à cette pratique, c'est qu'on préserve la virginité et on ne tombe pas enceinte mais le problème, c'est qu'on peut attraper des maladies sexuelles ailleurs que dans le vagin. Nous voyons des infections, des condylomes, dans la bouche et même une chlamydia dans l'oeil parce que la fille s'était fait un masque de sperme. Les professionnels doivent être vigilants et ne pas penser uniquement au SIDA.

Plus de risques de MTS et pas plus de plaisir

Est-ce que la situation est pire qu'avant ? Je me rappelle d'une fille qui était venue, il y a 20 ans, consulter pour un test de grossesse. Nous lui avions demandé si elle était active sexuellement et elle nous avait répondu négativement. Lorsque nous la questionnions sur la raison du test de grossesse, elle soutenait qu'elle avait des relations. En fait, elle ne se croyait pas active sexuellement parce que lors des rapports, elle ne bougeait pas. C'était effrayant : cette fille ne savait rien d'une vie sexuelle saine et gratifiante, elle avait uniquement une pénétration vaginale. Aujourd'hui, les filles ne bénéficient pas, elles non plus, du plaisir d'une vie sexuelle saine et gratifiante quand elles vont faire une fellation à un copain : elle ne reçoivent rien en retour, aucun plaisir. Je ne suis donc pas certaine que la situation soit différente.

Aujourd'hui, les filles ont des... (elle cherche le mot) en anglais, c'est un « fuck friend », c'est un « ami avec bénéfices ». Ces filles nous disent qu'avoir un vrai « chum », c'est beaucoup plus de responsabilités. Elles ne sont pas prêtes à avoir un « chum » mais elles se disent prêtes à avoir des relations sexuelles sans lien, sans attache. Un jeune m'a un jour confié que pour lui, c'est du sexe récréatif. Plutôt que d'aller voir un film ou d'aller faire une randonnée, les jeunes font du sexe. C'est un moyen de communication comme n'importe quel autre... C'est vraiment en ce sens qu'ils le font, il n'y a pas de réflexion derrière, c'est leur façon de communiquer.

La fille « légère » à l'école, c'est un phénomène que nous rencontrons depuis plusieurs années. Les filles qui ont cette réputation n'ont souvent rien fait. Ce peut être des filles qui n'ont jamais eu de relations sexuelles. Je ne sais pas à quel point cette réputation est liée à certaines modes, par exemple, au lapin de Playboy. Ce lapin-là, il est partout maintenant : sur les tee-shirts, les boucles d'oreilles, etc. Les filles de 12, 13 ou 14 ans portent le symbole alors qu'elles n'ont aucune idée que c'est le lapin de Playboy, que ça envoie un message à certaines personnes. Pour elles, c'est un lapin « cute ». On retrouve ici cette même naïveté des adolescents...

L'année dernière, dans certaines écoles de Montréal, il y avait des bracelets en plastique de toutes les couleurs. Les couleurs de ces bracelets ont commencé à avoir une signification. Les garçons passaient à côté des filles et arrachaient un de ces bracelets : selon la couleur, le garçon demandait à la fille de faire l'acte sexuel correspondant. Chaque école avait son code. Aujourd'hui, ils sont bannis mais une fille m'a dit que les garçons avaient commencé à en porter. Ce sont maintenant les filles qui les arrachent. Un acte d'affirmation ?

Les infections transmissibles sexuellement : c'est un fait, des études aux États-Unis démontrent que les jeunes qui adhèrent aux campagnes du NON et qui achètent les anneaux de la chasteté ont plus de ITS que les autres parce qu'ils ne respectent pas leurs voeux de chasteté et qu'ils ont des relations non protégées. Ils n'ont pas accès à l'information autre que celle qui les incite à dire non ou à ne pas avoir de rapports sexuels. Ils sont donc beaucoup plus à risque. Aux États-Unis, les jeunes commencent à avoir des relations sexuelles au même âge que les jeunes d'ici et d'ailleurs dans les pays industrialisés. Ce sont les mêmes statistiques qu'en 1990 à Montréal : à 16 ans, 50% des jeunes ont eu des relations ; à 18 ans, 20% n'en ont pas eues. D'autres jeunes peuvent commencer plus tôt. Il n'y a rien de nouveau et la situation est la même aux Etats-Unis, à l'exception des grossesses : il y a de 4 à 5 fois plus de grossesses à l'adolescence aux États-Unis qu'au Canada. Les pays où il y a le moins de grossesses à l'adolescence sont la Finlande et les Pays-Bas, où on commence l'éducation sexuelle beaucoup plus tôt. Aux États-Unis, ils se concentrent beaucoup plus dans les campagnes pour promouvoir le NON plutôt que de faire des campagnes de sensibilisation et d'information.

Pourquoi la sexualisation précoce

Quant aux origines de la sexualisation précoce, on blâme les Spice Girls, et Britney Spears. Je pense que le phénomène est plus profond. Il y a aussi d'autres problèmes : le « backlash » du mouvement féministe ; où sont-ils les hommes dans tout ça ? Il a aussi un problème de communication. Nous communiquons des messages aux enfants quand nous les laissons porter : « princesse » ou « perfect baby » sur les chandails, sur les fesses des pantalons, à des endroits où, d'après moi, ils ne devraient pas être. Les enfants sont comme des éponges, ils vont tout absorber : c'est donc très facile de les influencer. Selon moi, c'est une suite logique : si on habille une fille de 4 ou 5 ans avec du linge sexy, plus tard, quand elle sera adolescente, elle utilisera le sexe comme moyen de communication. Elle sera habile avec ce « langage » et c'est celui qu'elle aura appris à utiliser comme moyen de communication.

Nous sommes aussi dans une époque d'extrêmes et nous le constatons partout : nous voyons, d'une part, l'obésité et toutes les campagnes qui nous frappent en ce moment et d'autre part, nous voyons tous les troubles alimentaires comme l'anorexie, de plus en plus présents chez des filles de plus en plus jeunes. Nous avons une longévité accrue et le potentiel de vivre jusqu'à 85 ou 90 ans et nous vivons, en même temps, dans une société qui veut tout avoir et ce, pour un court instant : tout est jeté et remplacé l'année suivante, il n'y a plus rien de durable.

Il y a l'athéisme versus le fondamentalisme religieux : c'est l'un ou l'autre, il n'y a pas, selon moi, de milieu... Les conséquences sont les suivantes : tout est devenu matière à vendre et bien sûr, le sexe augmente les ventes. L'extrême, pour moi, c'est l'image du bébé dans une boîte de coton (elle montre l'image) : il coûte combien ce bébé-là ! Même les bébés sont devenus une matière que nous pouvons vendre et c'est ça qui me choque. Je sais que les photos d'Anne Giddens sont belles, mais c'est du marketing ! Parfois ça va trop loin, l'identité à travers les âges devient très floue, on ne sait plus qui on est. Nous avons perdu les frontières entre les générations, nous ne connaissons plus les rôles des différentes générations, ce que nous sommes censés faire.

L'exemple le plus choquant que j'ai vécu a eu lieu l'hiver dernier. Un matin, en allant au travail, il y avait une dame à côté de moi dans l'autobus, une femme d'un certain âge (certainement plus âgée que moi !), d'environ 60 ans. Elle était habillée en léopard de la tête aux pieds : un chapeau en léopard, un manteau, des leggings, des gants, des bottes. Elle allait certainement travailler au centre-ville. Le soir de cette même journée, lorsque je suis revenue, elle était là et à sa main, elle avait une petite fille de 4 ans, elle aussi habillée en léopard, de la tête aux pieds !

« Où est-ce qu'on s'en va ! Je n'ai pas d'espoir pour le futur de notre espèce si cela dépend de notre jeunesse fâchée.

Est-ce qu'il y a une jeunesse plus irresponsable que la nôtre ?

Quand j'étais enfant, nous apprenions à nous référer à nos aînés, à les respecter, mais les jeunes d'aujourd'hui sont extrêmement impertinents et ne peuvent accepter personne qui les contredit... Est-ce cette jeunesse qui est la fondation sur laquelle nous bâtissons notre futur ? »

C'est Socrate qui a dit ça il y a bien longtemps. Je pense qu'il y a de l'espoir, nous sommes encore là, à réfléchir, et il n'y a pas de raison de désespérer...

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La sexualisation précoce des filles peut accroître leur vulnérabilité
par Natasha Bouchard et Pierrette Bouchard 

    Les jeunes filles de 8 à 13 ans sont de plus en plus visées comme consommatrices par le marché de la mode, de la musique, des magazines et du cinéma. Pour cause, les pré-ados constituent une des plus importante cohorte démographique depuis les baby-boomers (1), représentant près de 2,4 millions d'individus au Canada.

L'apparition de ce groupe spécifique, que les spécialistes américains en marketing nomment les « tweens », contraction entre « between » et « teenager », s'explique donc dans un contexte de consommation où les différentes industries sont constamment à l'affût de nouvelles cibles (2). On assiste simultanément à une sexualisation indue des jeunes filles. À l'instar de leurs idoles de la chanson et du cinéma ou des mannequins des magazines jeunesse - qu'elles adoptent comme modèles d'identification - les jeunes filles reproduisent des attitudes et des comportements de « femmes sexy ». La publicité qui leur est destinée utilise des stratégies qui incorporent leur besoin d'affirmation et leur quête d'identité, notamment en renforçant les stéréotypes sexuels et en insistant sur la culture du rêve et sur la notion du « girl power » (sur lesquelles nous reviendrons un peu plus loin).

Formation identitaire centrée sur « charmer, plaire, séduire »

C'est l'ampleur du phénomène, et le jeune âge des filles ciblées, qui nous ont amenées à nous questionner sur son impact éventuel : vulnérabilité accrue à l'image du corps, à la dépendance affective, à la consommation, à l'exploitation sexuelle, etc. Par vulnérabilité, nous entendons la mise en place de conditions qui rendent les filles plus susceptibles d'être blessées (dans tous les sens du mot) ou qui donnent prise sur elles, c'est-à-dire, d'une part, la vulnérabilité conséquente à une formation identitaire centrée sur l'image et, d'autre part, celle issue de l'acquisition d'un savoir-faire sexuel précoce dans le cadre des rapports hommes-femmes. Ces dimensions nous intéressent tout particulièrement parce que de tels apprentissages favorisent les conduites de dépendance qui préparent, d'une certaine façon, à la victimisation. En voici des aspects variés : focalisation sur l'image, obsession de la minceur (près de 10 % des petites filles de 8 et 9 ans ont déjà suivi un régime) (3), fixation sur les relations amoureuses, dépendance émotive, séduction/sexualisation, manque de confiance en soi, dépréciation de soi, dévalorisation par les autres, perte d'estime de soi, fragilité aux abus de toutes sortes. Comment ces effets de vulnérabilité s'organisent-ils dans un ensemble et quelle en est la cohérence ? Voici quelques éléments de réponse.

Il y a cinq ans à peine, les « ado-naissantes » (4) n'étaient pas constituées comme groupe social. Comme nous l'avons déjà mentionné, leur arrivée s'explique d'abord dans une logique économique de mise en marché et se manifeste dans la plupart des pays industrialisés, autant au Japon qu'en Australie, en Angleterre, en France ou aux États-Unis. Au Canada, par exemple, les tweens dépensent annuellement 1,4 milliard de dollars et ont un pouvoir d'achat vraisemblablement quatre fois plus important, compte tenu de l'influence qu'ils exercent sur les achats de toute la maisonnée (5). Les fillettes sont donc ciblées comme consommatrices enfants et comme futures consommatrices. En effet, les caractéristiques qui concernent les jeunes filles ont été scrutées à la loupe par les entreprises pour ensuite les intégrer à leurs stratégies de marketing : sondages sur leurs habitudes de consommation dans les domaines du vêtement, de la musique et du loisir, la fréquence de leurs achats, leurs habitudes alimentaires, les déterminants de l'influence qu'ils exercent sur leur mère, etc.

Si la publicité visant les jeunes filles emprunte certaines avenues plus familières de la construction sociale de la féminité en général (6), elle y ajoute toutefois une dimension dont l'ampleur ne cesse d'étonner et dont le contenu ne manque pas de susciter un questionnement, soit la sexualisation de ces jeunes filles. L'action consiste à donner un caractère sexuel à un produit ou à un comportement qui n'en possède pas en soi. Un article de presse confirme que les modes qui sont destinées aux fillettes connaissent du succès (vêtements sexy qui dénudent le ventre et font ressortir la poitrine naissante, souliers qui causent le déhanchement, maquillage qui accentue le regard et fait briller les lèvres) (7). En ce sens, nous pouvons parler de précocité « provoquée » de l'adolescence.

Il en va de même des idoles comme Britney Spears, Christina Aguilera, Lorie ou encore des revues comme Cool !, Filles d'aujourd'hui, Adorable (maintenant connue sous le nom Audace) Seventeen, ElleGirl. Cet engouement témoigne, à notre avis, de l'accord tacite d'une partie de la société adulte, et des parents, sinon de leur méconnaissance de certains des enjeux éducatifs et sociaux qui sont présents dans le phénomène. On inscrit les fillettes dans des rôles très précis, à prime abord en relation avec les adultes de leur entourage, mais en même temps au coeur de la dynamique des rapports entre les hommes et les femmes : « charmer, plaire, séduire », tel est le message qui leur est transmis. Elles sont invitées à se construire une image de maturité valorisée par les parents et les adultes en général (8).

Érotisation précoce et modèle de soumission

C'est donc une véritable sous-culture de sexe (9) qui s'élabore à l'intention des pré-adolescentes par l'entremise des instances culturelles auxquelles participent des revues, des sites Internet et les idoles féminines des groupes musicaux. Des travaux sur les jeunes et les médias montrent comment les modèles et les représentations offerts dans les médias de masse influencent effectivement les fillettes en quête d'identité : « On y retrouve principalement des consignes pour les soins du corps et la mode ; en prime, on donne des trucs pour garder son petit ami. [...] La culture se traduit par une présence importante de groupes musicaux et vedettes du cinéma et de la télévision. [...] Le ton est intimiste, on interpelle en tutoyant [...] et on leur dicte des conduites à suivre. [...] On propose des recettes pour résoudre des problèmes d'ordre physique d'abord, puis psychologique. À travers les magazines jeunesse qui nous semblent futiles, les filles apprennent à se forger des opinions, à réfléchir sur leurs motivations, leurs croyances, leurs préjugés et leurs peurs » (10).

Les revues que nous avons analysées correspondaient à cette description. On y trouvaient également des conseils donnés aux jeunes filles qui les placent souvent dans une situation de dépendance et d'effacement. Par exemple, un article suggérant des moyens pour avoir du sex-appeal conseille de : « lui trouver [à son amoureux] toutes les qualités du monde et fermer les yeux sur ses pires défauts » ; et de « ne pas l'appeler toutes les cinq minutes, le laisser sortir avec ses amis quand il le veut et ne jamais lui demander à quoi il pense ou s'il t'aime vraiment... » (11). La sexualité est aussi omniprésente dans la plupart des magazines feuilletés. Elle est souvent suggérée aux ados comme moyen d'obtenir autre chose, par exemple l'amour, la complicité amoureuse, l'indépendance, le pouvoir de séduction, la stabilité dans le couple. Le contenu général des magazines, articles et publicité, encourage donc ce que Catherine Gauthier (12) appelle - à l'instar de la britannique Gayle Wald (13) - l'érotisation précoce des filles. Dans le même sens, les vidéoclips destinés aux jeunes filles véhiculent une image dégradante des femmes où l'on voit les chanteuses mimer des actes sexuels dans des tenues associées à la prostitution. Quand les paroles des chansons ne rabaissent pas les femmes à des esclaves sexuelles, telle que dans la chanson de Britney Spears I'm a slave for U (14), elles sont centrées sur un besoin présenté comme vital de connaître l'amour ou, du moins, d'être en relation avec un garçon.

La culture du rêve et le « girl power »

Se greffe à ce processus de sexualisation la mise en place d'un discours d'affirmation destiné aux fillettes, le « girl power », qui n'est pas sans créer une certaine confusion (15). Inspiré du mouvement de revendication des femmes, porté par les idoles de la musique pop-rock et récupéré au sein du marché, il attire tout en restant très superficiel (16). Selon McFerland (17), le « girl power » est une création des médias qui réduit le pouvoir d'une personne à l'image qu'elle projette. Les identités se construisent à travers et par l'objectivation sexuelle et présentent un modèle de femme-enfant s'adressant à des enfants-femmes. Elle se demande si, dans la société postmoderne, pour obtenir l'attention, être reconnue, avoir une place et détenir un peu de pouvoir social, les filles doivent revenir au vieux stéréotype sexuel de la femme tentatrice. Chez ces femmes-enfants, que personnifie par exemple Britney Spears, l'équilibre entre les manifestations de l'innocence et les comportements sexualisés semble impossible à atteindre. Quoi qu'il en soit, l'affirmation sexuelle préconisée par le « girl power » conforte le phénomène de la sexualisation des petites filles.

Cette notion d'affirmation de soi véhiculée par le « girl power » et conceptualisée par les différents médias dans une perspective de consommation s'imprègne également dans une culture du rêve. Ce phénomène, qui laisse croire aux pré-adolescentes, notamment aux fillettes, que devenir une star est accessible à toutes et que tous les rêves peuvent se réaliser, est très présent dans les magazines et à la télévision. Il n'y a qu'à penser au concours MixMania qui a fait fureur chez les jeunes du Québec. Le concept était simple : auditionner et courir la chance de devenir une star. Le succès du concours a été tel que TVA a repris l'expérience avec Star Académie, visant cette fois des participantes et des participants plus âgés. L'émission a battu des records de cotes d'écoute.

Le cinéma contribue également à alimenter la culture du rêve, notamment les films destinés au public adolescent. Pensons au film Coyote Ugly (18), dans lequel une jeune femme timide aspire à devenir chanteuse mais ne parvient pas à dominer son trac face au public. C'est finalement en travaillant dans un bar, où on lui montre à s'habiller sexy, boire, chanter et danser sur le comptoir devant une centaine d'hommes enivrés, qu'elle apprend à surmonter sa gêne. Un magazine français, intitulé Devenir chanteuse, se proclame « Le mag des futures stars » et vise spécifiquement les filles. On peut lire en page couverture des titres comme « C'est possible ! Participe à notre grand casting et enregistre ton premier single » ; « Apprends à danser comme Britney » et « 13 ans et déjà star : Priscilla ». À l'intérieur, la rédaction y va de ses conseils :

Devenir chanteuse est l'un de tes rêves les plus chers, et tu ne sais pas comment y parvenir ? [...] Britney Spears, Jalane sont issues comme toi d'une famille comme les autres... Mais comment ont-elles fait ? C'est avec du courage, du caractère et en tentant leur chance dans les castings qu'elles y sont parvenu. Notre magazine est donc fait pour toutes celles qui se voient sur scène ! D'abord, il te donne des conseils de beauté avec une sélection de produits pour reproduire le maquillage de Christina Aguilera. Ensuite, tu trouveras les accessoires pour parfaire ton look de la rentrée. Et le must : les conseils d'une chanteuse professionnelle ! Suis les différentes étapes de son apprentissage et tu pourras passer notre casting sans problème ! (19).

La stratégie de vente de cette revue est uniquement basée sur le rêve et l'illusion. Essentiellement, on suggère aux jeunes filles de remodeler leur apparence en se basant sur les images de vedettes sexy et de croire que c'est suffisant pour devenir une chanteuse célèbre. Les revues à contenu plus diversifié ne font pas exception. Plusieurs présentent des publicités d'agence de mannequins avec des slogans comme « Tu rêves de devenir mannequin ou tu connais quelqu'un qui aimerait l'être ? » (20).

Dépendance au "paraître" et conformité au modèle sexuel imposé

Depuis quatre ou cinq ans, les filles sont de plus en plus jeunes au moment où elles sont inscrites dans ce courant et les produits de consommation qui leur sont destinés sont de plus en plus accessibles. Par exemple, le produit Lip Smackers (un baume à lèvres fruité), très populaire aux États-Unis, vise le marché des 4-12 ans (21). Ce courant, centré sur l'image, risque de susciter nombre d'effets négatifs. Ne verra-t-on pas s'accentuer leur vulnérabilité en les encourageant ainsi à recourir pour leur valorisation à ce qui est superficiel au lieu de développer des habiletés intellectuelles ? Une construction sociale de la dépendance au « paraître », si tôt dans la vie, est préoccupante. Introduites de cette façon dans une dynamique de popularité et d'appartenance au sein du groupe de pairs, les pré-adolescentes apprennent à tout miser sur l'image pour obtenir l'approbation et être rassurées dans leur « conformité » (22). Sans compter que ce processus de soumission à la publicité ajoute des effets particulièrement pernicieux en milieu populaire, où la consommation est limitée par le revenu des parents (23).

L'absence d'autres sources de valorisation pour les fillettes peut devenir problématique. McRobbie (24) a illustré pour sa part comment les filles de milieu défavorisé se servent de la sexualité comme d'un contre-pouvoir dans leurs relations avec les garçons, ce qui leur assure une place à court terme, mais les dessert à plus long terme. Ce phénomène, on le constate, soulève toute la question des vulnérabilités face à l'abus sexuel, à la pédophilie, à la prostitution, à la pornographie, aux relations sexuelles précoces de même qu'aux comportements excessifs de consommation, aux effets sur l'alimentation (anorexie et obésité) (25), à la toxicomanie et au tabagisme (certaines jeunes filles font usage du tabac comme moyen de contrôle de poids) (26).

Bref, un nouveau groupe jeune est en émergence dans la société d'aujourd'hui. Groupe de consommation, d'une part, mais, d'autre part, jeunes personnes en quête d'identité pour lesquelles les magazines et les vidéoclips construisent un message préoccupant. Si à ce stade de notre recherche nous ne pouvons encore fournir des outils d'intervention, il nous apparaît tout de même important de rappeler qu'il serait trop facile et trop simple de réagir en resserrant le contrôle social des jeunes filles. Pour ceux et celles qui s'interrogent à savoir comment intervenir avec leurs enfants, pensez sensibilisation et éducation : aux médias, aux stéréotypes, à la sexualité et à la consommation.

Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et Isabelle Boily,
La sexualisation précoce des filles,
Montréal, éditions Sisyphe, 2005.

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