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Elguijaronegro
15 novembre 2005

Zoukez!

Ce soir, nous allons zouker aux "Tropiques". Je suis contente, ça fait tellement longtemps que je ne suis allée en boîte.
Nous n'avons pas apporté des vêtements adaptés!
Des gros pulls , des tongs ou des chaussures de randos, des jeans usés, des kways hors d'âge,
alors, on déballe toutes les fringues et les godasses disponibles.
On arrive à trouver des pantalons foncés, quelques chemises colorées, j'hérite d'un chemisier chinois, noir cette fois, pas tout à fait en soie, mais presque, en tous cas à ma taille, et de chaussures fermées.
Il faut encore se coiffer.
Le tout nous prenant plusieurs heures, on s'engouffre enfin dans la voiture, et on descend de la montagne sous la pluie battante, tellement qu'on se trompe de chemin plusieurs fois. On rit "On aboutira bien quelque part tout de même!"
Certes!

Lorsque nous arrivons toujours sous la pluie, que nous avons réussi à garer l'auto, autrement qu'en stationnement génant, la soirée est vraiment bien avancée. Dans le local, de la fumée de cigarette à s'en étouffer, les aspirateurs n'ont pas été mis en marche, de sorte qu'il fasse plus chaud et que les gens consomment davantage.
Nous choisissons une table près de l'entrée, afin que je n'ai aucun mal à aller respirer de temps à autre à l'extérieur, si besoin est.
Djam s'asseoit pour se reposer tranquillement, il gardera un moment nos effets et sacs, il n'y a pas de vestiaire.
Ara et moi sommes venues pour danser, donc direction piste de danse.
Sans complexe, nous nous mettons à zouker en solo chacune. Nous ne restons pas longtemps seules au centre de la piste. Ara, la première  est entrainée au rythme d'un habitué qui l' a reconnue. Pour pouvoir convenablement discuter, ils se tiennent assez distants, tout en restant proches, c'est du zouk!
Je suis à mon tour rejointe par un antillais, sensiblement de même stature que moi, conduite très rapprochée. Pas de problème, c'est un zouk!

Les deux danses suivantes, nous demeurons ensemble, soudain, il se recule et me regardant bien en face "Tu ne dis rien?"
Je suis en fait assez surprise, j'ai l'habitude d'évoluer sans parler, entièrement concentrée sur mon cavalier, surtout lorsque c'est un inconnu, pour pouvoir me laisser conduire sans anicroche. Je lui fais "non" de la tête. Il insiste "Tu sais pas parler ou quoi?", je récidive. Alors il continue "Tu le fais exprès? Tu sais bien parler quand même?"
Là, j'éclate de rire.

Série suivante, nous demeurons ensemble, il suggère:"J'ai envie de mieux te connaître" Alors je lui réponds "Qu'est-ce que tu veux que je te dise?", mais il ne me dis pas ce qu'il souhaite entendre de ma part, je ris à nouveau. Il s'inquiète "Tu n'es pas saoûle au moins?". Je ris de plus belle.
"Je te comprends pas, ou alors tu as un drôle d'humour!", je fais "oui" de la tête.
Je ferme les yeux, je suis bien, je le suis parfaitement, tout va bien.

Ara danse toujours avec son camarade, et ils continuent à parler.
Mon cavalier revient à l'attaque: "J'aimerai te connaître d'une autre façon", je souris. Il persiste, je lui assène à mi-voix: "Je ne suis pas seule!"
Ouvrant grands ses yeux, il se recule: "C'est une plaisanterie?"
Ah vraiment son air m'amuse, mais par respect pour lui, je contiens mon rire: "Non, je ne suis pas libre!"
Il remue la tête et rit de toutes ses dents.
-Regarde-moi dans les yeux, là! (Je m'exécute, puis j'éclate de rire à nouveau)
-Je ne veux pas te croire, tu me fais marcher!
-Non, je t'assure!
-Je te fais peur ou quoi?
-Non, tu es super sympa , tu ne me fais pas peur du tout! Et tu danses bien.
-Où est ton ami?
Présente moi à lui!
-Si tu veux, il est à la table près de la sortie, tu le vois?
-Le type là-bas?
-Oui!
-Non, non, non!
Je ne te crois pas!
-Mais si je t'assure!

Nous revenons au centre de la piste.
-Tu n'es pas sérieuse, tu n'es pas avec ce type là?
-Mais si!
-Pourquoi il danse pas avec toi?
-Il est fatigué, il se repose.
-Allez, non, arrête de me faire marcher!
Allez, tu es libre.
-Tu es impécable, rien à redire là-dessus, mais je ne peux pas faire plus que danser avec toi, je ne suis pas libre.
-Alors, pourquoi tu restes pas avec lui?
-J'aime danser! Ca ne t'est jamais arrivé, toi, de danser avec quelqu'un rien que pour danser? pour le plaisir de danser.
-Présente-moi à ton copain!
-Si tu veux.

Je l'entraine auprès de Djam.

-Je te présente mon mari.
-Bonsoir, enchanté!
(échange de poignées de mains)
-J'ai dansé avec Monsieur, le temps que tu te reposais.
-Très bien, je crois qu'on va s'arrêter là dit mon ex-partenaire, d'un air très sérieux et très dépité, en levant les deux bras comme sous la menace d'une arme.

Il s'éloigne. Je m'asseois à côté de mon époux, et lui raconte ce qu'il s'est passé.
Je lui demande s'il est reposé, et s'il veut bien venir avec moi. Il se lève et nous rejoignons la piste où nous resterons ensemble jusqu'à la fermeture de la boîte..

Mon précédent cavalier demeure, lui, obstinément assis avec des potes, dos à la piste, je pense l'avoir véxé ou peiné, hélas.

A la sortie, plus tard, nous le saluons Djam et moi, je le remercie personnellement pour sa gentillesse, son humour et son tact. Il sourit, fataliste, en relevant les bras au ciel.

Sur le retour, j'en reparle avec Djam, je suis vraiment étonnée que certaines personnes  ne pensent uniquement la danse qu' en tant que moyen de briser la glace avant d'entrer en relation physique plus étroite, rapprochée et intime. Ce garçon dansait bien, il était attirant et correct, parce que son éthique l'empêche de danser avec une personne "prise", une personne qui serait réticente au fait de partager ensuite une expérience sensuelle et sexuelle avec lui, il a renoncé tout bonnement à danser davantage avec moi, pour me rendre à mon époux! Une attitude logique, appréciable et respectable, en l'occurence. Cependant, je repars songeuse.
Je comprends que ce que je vis habituellement , est loin de cette vision étroite. Cet art est en fait un merveilleux moyen d'expression, de création, de communication et de partage, de complétude. Je sais qu'il me faut retourner à nos cercles où justement, nous pouvons danser avec chacun, sans arrières-pensées, sans aucune parole échangée, tout sourire, tout à la danse, mouvement et liberté, créativité, sous un même élan, tantôt  très proches tantôt plus distants, mais "un" dans le geste, le rythme,  la joie,  l'échange d'un même regard.

Etre à deux la mélodie incarnée, le souffle de la vie, la liberté en action.

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