Une étude sur le comportement du blogueur type
Je n'aurai guère pu faire mieux sur le sujet, alors je vous livre la découverte de cet article trouvé lors de périgrinations internautes. Je serai absente quelques jours, à bientôt!
Cybernarcissisma, mon vautour ...
Le carnetier néophyte type, selon moi, est un être plutôt bon enfant. Mû par un profond désir d'écrire, de s'exprimer, les nouveaux outils carnetiers le séduisent, le font succomber. Tout gentiment, il lance un billet doux, un billet tendre. Puis il aiguise son clavier et s'y laisse prendre.
La reconnaissance
Nous avons tous eu notre moment de gloire, au travail, dans nos loisirs, ne serait-ce qu'au sein du giron familial. Ces manifestations d'homologation par les pairs sont salvatrices pour l'ego (qu'il soit égratigné ou pas) et deviennent des sources de bonheur et des instruments de motivation louables et productifs. Mais qu'advient-il de l'ego lorsque ces manifestations de reconnaissance se multiplient à la grandeur du cyberespace ? Les recevons-nous de si ingénue façon et sont-elles aussi heureuses ?
Le grand saut
Le carnetier en devenir apprivoise généralement la chose en lisant ses pairs. Souvent habité du rêve endormi d'avoir sa fenêtre bien à lui sur la Toile, les aléas de l'apprentissage technologique et la complexité de certains outils de publication l'ont (souvent) jusqu'à maintenant rebuté et ont fait office d'empêcheurs de tourner en rond dans la concrétisation de son voeu secret. Mais voilà qu'un outil magique lui est offert et que la porte d'expression du cyberespace lui tend les bras et lui fait de l'oeil. Généralement sur un coup de tête, il lance son carnet, fort de ses lectures et convaincu (à juste raison) que s'il ne peut faire mieux que certains, il ne pourra faire pire que d'autres. Si la chose est mauvaise, elle vivote sur la Toile ou meurt, si le contenu est juste et bon, choque ou se distingue de la masse pour quelque obscure raison-appât, notre carnetier est repéré.
Un dénouement inattendu
La motivation première de notre carnetier est de s'exprimer librement dans un lieu virtuel qui lui appartient. Il commet le carnet d'abord pour lui et pour lui seul. Il apprivoise la bête, la fait évoluer, la nourrit de pertinence ou la fait divaguer, selon ses goûts et ses humeurs. Mais au moment où il est repéré par ses pairs, il goûte au partage du savoir et au choc des idées, bref, à l'interactivité, une qualité indéniable de l'entrée dans la communauté des carnetiers. Voilà donc notre distingué auteur solo devenu une pièce de l'échiquier du Web. Les visites sur son site grimpent. Il polit son outil, surveille le « compte-tours» des lecteurs. Il goûte avec amusement et émerveillement la douceur d'une popularité inattendue et nourrissante. Il devient doublement motivé et bonifie son contenu, l'aiguise, le peaufine. Le cercle (pas encore vicieux) fait son oeuvre et les maillons regénérateurs se multiplient et s'étoffent. À cette étape-ci, le carnetier est porté par les flots purs de l'ébahissement et avironne allègrement de trouvailles en éclairements. Non seulement s'instruit-il et partage-t-il son savoir et ses démarches exploratoires, mais il s'amuse.
L'offre et la demande
Voici donc notre carnetier repéré, consacré par ses pairs, heureux et prolifique. Il consacre à la chose de plus en plus de temps. Se convainc d'un lectorat fidèle, qu'il désire choyer et voir augmenter. Il s'adapte, répond aux questions, commente, voire se défend, si l'occasion lui en est donnée. Le carnet devient boulet. Il hante ses jours et ses nuits, lui prend désormais plus d'énergie qu'il ne lui en donne. L'être sage s'ajustera. À ce moment-ci, la reconnaissance et les compliments lui donnent l'énergie de poursuivre, tout persuadé qu'il est (et c'est parfois le cas) d'être devenu un apport appréciable à la communauté fraîchement intégrée. Il ajuste ses flûtes, retrouve la première flamme qui a nourri son coup de clavier, et réapprend à se faire plaisir tout en contribuant au savoir collectif. La reconnaissance lui donne le désir de poursuivre et rétablit par l'ego ce que l'esprit commençait à trouver lourd en investissement de soi. Passion, raison et discipline font de lui le parfait carnetier. Il retrouve l'équilibre. Curiosité et vigilance sont ses alliés de toujours, il les chevauche aisément, à l'affût des idées, des courants.
L'encensement
Équilibre en poche, plaisir maintenu, pleuvent toujours sur l'auteur les bravos des pairs et des lecteurs. Fusent les courriels, commentaires, billets d'autres carnetiers, appuis, attaques parfois, dont il aura à peine besoin de se dépatouiller car ses émules, incarnant ses gardes du corps, d'une langue acérée défendront leur protégé, et mèneront de front bataille à ses côtés, sinon à sa place. Des gens des quatre coins du monde reconnaissent son talent. Il en devient zinzin, il le sait, il le sent, il est déjà moins bon enfant. Son ego marque une enflure démesurée, il n'en est pas encore tout à fait conscient, il le contient, dans son intérieure amphore, celle de son humilité, du doute protecteur qui sustente la prudence, le jugement et la saine curiosité. Il a cette soif de savoir qui est inaltérable et cette faim de partager, pour rendre ce qui lui est donné, mais qui, aussi, lui « assure la postérité ». De là viendra le danger.
Déchaîné
Puis arrive le moment où l'amphore vas péter. L'ego est lâché, et déborde de tous côtés, sort par les yeux, les oreilles, et (pourquoi pas) les trous de nez ! Les sens de notre spécimen en sont aussi sec altérés. La cécité le guette, la pire, celle de la fatuité. Les hourras assourdissants menacent non seulement de notre carnetier l'intégrité, mais pis encore, son jugement et l'accuité de sa vigilance, que protégeait hier encore sa belle humilité. Il sait tout, connaît tout. Il juge, il sermonne, il détient la vérité. Il n'utilise son clavier que pour mieux dénigrer. Les sursauts de son âme bon enfant sont vite réprimés par son envie de mordre et de s'imposer davantage. Il n'a plus d'objectif que celui de décrier, le fourrageur de Toile est devenu prédatrice araignée. Mais pour qui se prend-il, cet énergumène, cet enfant de ... la Cerbère-cité ?
Glorio-polymorphie
Cette factice gloriole nourrit sans répit une triste polymorphie de l'être. Tueuse de candeur, assassine de la capacité d'émerveillement, ce moteur de la recherche et du partage enrichissant. Le cybernarcissisme, intellonanisme flagrant, n'est qu'un sale vautour générateur de la mort de l'apprenant et de la léthargie du bon sens. La force du doute est grande, carburant puissant de la veille éclairée, vrombisseur modèle unique du propos intelligent, le doute est bon et ne saurait être sacrifié aux pseudo-intellorgasmes généreusement assaisonnés à coup d'additifs de vanité.
Le moment de lucidité
La mort du doute est rapide. Mais comme avant toute mort, elle est précédée d'un éclair de lucidité. La relecture d'un texte qui laisse un goût amer, une réaction trop vive lors d'une discussion, où la réplique est alimentée davantage par l'arrogance que la ferveur du propos et la force des convictions, un éclair de pensée méprisant envers un pair, qui ne l'aura pas vraiment mérité, une déformation des propos de l'autre pour servir ses propres idées, tous ces feux rouges sont précurseurs du cybernarcissisme. Plusieurs y sont sensibles et savent l'éviter. D'autres n'y voient que du feu et s'y laissent consumer.
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