JALOUSIE!
La jalousie se tapit dans l'ombre, bien lovée au fond de ton coeur.
Tu te crois magnanime, tu penses que tu es apte à tout encaisser, à tout supporter, et puis...
Tu peux voir tes meilleurs amis causer avec tes meilleures amies pendant des heures, prendre dates avec elles et t'en réjouir profondément.
Tu peux supporter de rester seul alors que d'autres discutent à l'aise sans penser à t'inviter dans leur cercle.
Tu peux supporter que d'autres soient encensés, caressés, louangés, montés au pinacle, alors que tu restes dans l'ombre.
Tu peux accepter que d'autres cueillent les lauriers de tes travaux, et touchent les royalties qui te revenaient, et accèdent à des responsabilités ou des postes qui t'étaient promis..
Tu peux concevoir que ton ami ait besoin de liberté, d'autres horizons que toi, d'autres délices ou attraits que la douceur de ton sourire, que la profondeur de tes yeux, que la caresse de tes doigts, que les baisers de ta bouche, que les reflets de ta chevelure, que la forme de
mais un jour, l'air de rien, le refrain sur les lèvres, tu pousses la porte léger, joyeux, avec cette grâce qui n'appartient qu'à toi, cette légèreté qui fait que tout semble infiniment aisé et paisible avec toi, avec cette candeur qui fait que l'on pense que tout t'est facile, que tu n'as pas besoin d'attentions particulières, que tu retomberas toujours souplement sur tes pattes de chat.
Et ce jour là, précisément, l'animal tapi dans ton coeur, enfoui au plus profond de ton âme ou de tes souvenirs, bondit comme un fauve affamé sur le banc face à toi, rugissant, la gueule ouverte et menaçante, prêt à te dévorer
parce que la dernière goutte vient de faire déborder un vase quelque part, un vase que tu as oublié de transvaser... avant que le malheur n'arrive. Une main invisible vient d'actionner la grille qui gardait prisonnier le tigre dans sa cage, en une seconde, il a franchi le tunnel qui mène à la piste, et tu étais de dos, et tu ne l'as pas vu entrer et bondir, malgré ton fouet et ton habileté, et ton sang-froid, la peur te glace, la sueur coule le long de ton dos sous le justaucorps dont ses griffes ne feraient "qu'une bouchée", tu ne sais comment t'y prendre pour ramener le calme, en toi déjà, pour en imposer à ce prédateur qui n'a reçu aucune éducation préalable et qui vient réclamer son dû, brusquement, inopinément.
Parce qu'un regard de trop échangé, un mot surpris à la volée, un rire qui sonnait faux, une lettre ou un mail qui ne t'était pas destinée, ouvert sans méfiance, quelques bribes de conversation téléphonique, un message à faire passer, un rendez-vous manqué, un quiproquo subtil (je n'ai pas dit stupide), un relâchement dans les "petites attentions", un je-ne-sais-quoi qui ferait penser que...
Des compliments immérités adressés à d'autres, la sensation subite d'être tenu à l'écart de tout, enfin bref, le film devient superproduction et tu risques fort de succomber, de rompre le pas juste avant la ligne d'arrivée du marathon, te faire disqualifier sur la corde, images vidéo à l'appui!
La couronne de lauriers tombe, à tes pieds dans une flaque de boue, même cette victoire t'est refusée!
Ainsi, tu es comme tout le monde, même cette proie t'a été arrachée, tu peux éprouver de la jalousie, même toi! Tu viens d'ouvrir les yeux, et la lumière t'aveugle, te blesse.
Cette prise de conscience va-t-elle t'élargir l'âme ou t'aigrir, te rabougrir? te couper davantage de toi et de tes semblables?
Qui vient à la Lumière...
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