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Elguijaronegro
26 avril 2006

Mémoires d'une geisha 2 (davantage sur ce film)

RESUME: (source)

" En 1929, au Japon, un pauvre pêcheur se résout à vendre ses deux petites filles. L'aînée se retrouve dans un bordel, tandis que la plus jeune, Chiyio (Zhang Ziyi), devient servante dans une maison de geishas dirigée d'une main de fer par une femme surnommée Maman. Sans le vouloir, la fillette de neuf ans s'attire l'hostilité de Hatsumomo (Gong Li), la plus belle et la plus populaire geisha de la maison. Mais à l’adolescence, Chiyio devient la protégée de l'impériale geisha Mameha (Michelle Yeoh), qui croit que la jeune fille a le potentiel pour suivre ses traces. La transformation s'opère au fil des mois et l'adolescente, rebaptisée Sayuri, suscite bientôt la convoitise de tous les hommes. "


CRITIQUE: (source)

Attendu depuis très longtemps, l'adaptation du best-seller de Arthur Golden, "Memoirs of a Geisha", Co-produit par Steven Spielberg qui avait acquis les droits du roman est donc enfin sur nos écrans dès le mois de Mars. La soudaine passion pour l’Extrême Orient crée une appétence à voir et à goûter de ce qu’il en est de la culture asiatique. En effet, si on considère que ce sont deux chinoises qui incarnent le rôle de deux japonaises, il est logiquement estimable que Japon et Chine forment un même ensemble pour le quidam : Asie= ailleurs= voisins aux yeux bridés. La distinction est malheureusement limitée. De cette ignorance découlera donc les affres que subit cette production en Chine comme au Japon.

C'est à travers le regard d'enfant malheureuse de Chiyo/Sayuri que l'on découvrira donc Gion la décadente, le quartier du plaisir à Kyoto, avec ses temples resplendissants, ses théâtres raffinés, et ces ruelles sombres. Via son initiation et sa métamorphose on apprendra l'art d'être geisha, les rites de la danse et de la musique, les cérémonies de l'habillage, de la coiffure et du thé, comment surtout il faut savoir attirer l'attention des hommes et déjouer la jalousie des rivales. Univers où les apparences font loi, où les femmes sont faites pour charmer et où l'amour doit être méprisé comme une illusion. 

Robert Marshall est le réalisateur de « Cabaret », un film qui a su trouver son public et qui, il faut le reconnaître, donne la vedette avec maestria à une époque révolue par le biais de la danse. Si quelques scènes restent visuellement très jolies utilisant la danse afin d’offrir un espace féerique.. Malheureusement, on savait que Rob Marshall ne savait pas faire avec le verbiage.. et le roman de Golden est particulièrement touffu et riche en dialogues. 
Quel ennui lorsqu’il filme un échange verbal , quelle injure que de jeter si facilement les émotions en pâtures à renfort de musiques là où un regard suffirait ... Reste que le regard, justement, celui de notre héroïne est pour le comble .. faussé .. Affublée de lentilles bleues grises Zhang Yiyi incarne la plus désirable des geishas. Mais avec beaucoup de peine .. Seule Gong Li arrache donc quelques émotions dans ce film aseptisé, chic, rutilant mais à des années lumières de la pudeur, la sobriété et la raffinement nippon. 
Une fois Gong Li à l’écran, fanée et colérique, devant Sayori fragile et belle comme un ange .. c’est vers Gong Li que nos yeux se posent. Non seulement sa beauté est immense mais sa grâce dans le désespoir est éblouissante. Zhang Yiyi fait un peu pâle figure, et pas seulement de par son maquillage très poudré.. Comme si seule Li restait authentique face à la caméra, à ce regard étranger. Michelle Yeoh joue le minimum syndical, avec un décalage assez énorme pour interpréter un rôle de « grande sœur » par rapport à la culture nipponne traînant une Zhang Ziyi contrainte à parler un anglais qui lui est totalement abscons"
Si vous espérez trouver un Watanabe ou un Yakusho (acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa) dans leurs registres de jeu d’acteur tout en finesse, ce n’est pas non plus ici que vous les trouverez. On sent un véritable désir de jouer à l’américaine et c'en est presque risible .. Sans parler du scénario, qui est d’un consensuel évident, et qui trouvera un public .. friand d’exotisme dans des repères qui lui sont familiers. 
Quant à la fidélité du quartier de Gion à Kyoto, où est censée se dérouler l'action du roman dans les années 20 et 30, il a été reconstitué « comme il était à l'époque » (dixit la production) sur le site de Ventura, près de Los Angeles. Une partie du tournage eut également lieu dans les jardins japonais de Saratoga, en Californie. Le tournage s'est poursuivi au Japon pour y filmer des lieux authentiques.
Là où Mizoguchi filmait la grâce comme une évidence, Marshall est tel un éléphant dans un magasin de porcelaines. A ne pas trop savoir ce qu’il y fait et comment donc créer quelque chose qu’il ne connaît surtout pas. Le tout,.maladroitement masqué par un attirail technique impeccable (photo, costumes et décors façon blockbuster hollywoodien léché), et ses trois grandes actrices, Zhang Ziyi, Michelle Yeoh, et surtout Gong Li, impériale en vénéneuse araignée. 
Avec ce film américain, n’espérez en rien trouver autre chose qu’une belle projection des fantasmes occidentaux avec toutes leurs maladresses et cette ignorance patente quant aux us et coutumes de l’ Est. Ainsi, on ne vous parlera pas de « maikos » ou de « geikos » qui cohabitent dans une Okiya. Mais de servantes et de geishas dans une maison close. On ne connaîtra rien du « Danna » et de sa fonction. Quant à la grande sœur, on ne l’entendra pas dans son sens traditionnel.
Boudé par le public japonais, le film "Mémoires d'une Geisha" ne sortira pas finalement en Chine de peur d'éventuelles réactions négatives sur fond de tensions entre Pékin et Tokyo (sortie prévue pour le 9 février). China Film Group Corporation et d'autres distributeurs ont décidé de repousser pour une durée indéterminée la sortie de Mémoires d'une Geisha en Chine principalement à cause de la réaction sociale négative (...) exprimée dans plusieurs médias.(selon les critiques lues dans la presse chinoise et sur internet, les deux grandes actrices chinoises Zhang Ziyi et Gong Li interprétant des rôles de Geishas, sont considérées à présent par certains en Chine comme des prostituées).


Commentaire de Tahheyyât:

J'ai heureusement vu le film avant de prendre connaissance des critiques, ce que je fais toujours!

Qui peut croire qu'un film produit par des américains puisse être un film nippon? et baigner dans l'atmosphère fine et raffinée de fameux  réalisateurs japonais!

Le but du film était-il de faire un reportage vérité sur la condition d'une geisha dans les années 30, ou d'être un spectacle sentimental qui fait rêver par certains de ses aspects?

Gong Li est magistrale, belle même sous la colère ou la déroute, sensuelle à souhaits, c'est évident, on comprend pourquoi elle est la favorite de l'Okiya et la favorite des clients de Gion. Jalouse et jalousée, fragile en raison de ses amours secrêtes que Chyio a dévoilées! elle joue magnifiquement son rôle.

Zhang Yiyi est dans le registre de la pudeur malgré cette profession qu'elle n'a épousée que pour conquérir son seul et gtrand amour.
Elle a la tête et le maintien de son rôle! qui n'est pas celui de Gong Li. On fait d'elle la plus prestigieuse des geishas dans un but bien précis; elle, elle voudrait être elle et pas une apparence, et pouvoir parler vrai. Elle ne connait pas la jalousie, la rancoeur, la vengeance, elle n'a pas une nécessaire envie de briller et d'écraser autrui. Elle peut être belle, mais elle souhaiterait l'être moins qu'on ne le désire autour d'elle. La cruauté qui l'a poursuivie dans son enfance la marque profondément. Son seul voeu est de vivre son grand amour, c'est tout ce qu'elle a à elle, et encore!

On comprend que le "Danna" est un protecteur et qu'il peut s'engager auprès d'une geisha en lui faisant une proposition honnête. Que sans Danna, une geisha peut difficilement être rentable, ou rembourser sa dette vis à vis de l'Okiya. C'est peut-être très "réducteur" comme compréhension, mais le film a une durée limitée, libre aux "fans" de la culture japonaise de se livrer à de plus amples recherches sur le net ou dans leurs bibliothèques et centres de documentations favoris, idem pour tout ce qui concerne la vie de l'Okiya.
Nous n'apprenons pas non plus dans ce film l'art de nouer le Obi, mais nous comprenons qu'il est aisé d'enlever un kimono à une geisha non consentante en un temps record! Scène, qui pour des raisons personnelles m'a été quasiment insupportable!

Tout dépend en effet de ce que l'on souhaite évoquer par l'image et le sénario.

Pour ce qui est du rôle de la "grande soeur", on comprend ici qu'il s'agit dans ce cas d'un challenge très spécial, on n'entre pas dans toutes les démarches et apprentissage de Chiyio, seules certaines phases sont évoquées, je ne pense pas que ce soit le but du film. Chiyo a peu de semaines pour réussir son tour de force, on sait qu'elle va profiter du moindre des conseils de sa "grande soeur" et "protectrice", on n'en doute pas une seule seconde. Elle respecte celle qui la guide, mais elle n'aime pas le rôle qu'elle lui fait jouer, si elle s'y plie c'est non pas parce qu'elle n'est pas libre, mais parce qu'elle est amoureuse.

La scène que j'ai le moins appréciée, curieusement peut-être est celle où Chiyio danse merveilleusement dans le noir sous une pluie de flocons. Effet cabaret! Tant pis, c'est trop peu pour jeter ce film à l'eau!

Une question lancinante demeure: comment les femmes ont-elle éteind le feu dans l'Okiya? Qui pourra me le dire?

Pour tout ce qui concerne la véritable vie d'une geisha, voir les annexes de cette note!

Tahheyyât


D'autres éclairages sur ce film: source

« Sur le plan culturel, c'est l'une des plus fascinantes histoires que j'aie vues. J'ai été bouleversé par l'histoire d'amour, par la rivalité entre Sayuri (Zhang Ziyi) et Hatsumomo (Gong Li), et par l'amitié mise à l'épreuve entre le Président et Nobu. J'ai pensé que le public du monde entier serait lui aussi fasciné, parce que le sens de cette histoire dépasse de loin l'appartenance à une culture ou à un pays. C'est une histoire universelle. ». (Steven Spielberg )

Si l'on considère toute la première partie, où l'on suit l'apprentissage à neuf ans de cette petite fille arrachée à sa famille, on voit bien ce qui a pu passionner Spielberg dans ce roman. Fasciné par l'enfance et les drames, Spielberg aurait pu signer un film bien meilleur (il fut longtemps question qu'il en signe la réalisation). Mais Rob Marshall, l'auteur de Chicago n'a pas à rougir de son travail. Loin de là ! Après le succès mérité de sa comédie musicale, le cinéaste et chorégraphe a été très courtisé mais il a su refuser toutes les offres pour se concentrer sur la plus belle. Ayant acheté les droits du roman depuis déjà quelques années, et étant débordé (comme toujours), Spielberg l'a choisi pour mener à bien ce projet qu'il produit et auquel il tient particulièrement.

À l'annonce du casting (et aujourd'hui encore), on a étrangement reproché à ce film de n'être pas interprété par des Japonais et d'être réalisé par un Occidental. Effectivement, dans les premières secondes, entendre parler les personnages en anglais est un peu choquant. Bien que l'héroïne soit aussi la narratrice de l'histoire, doit-on rappeler que l'auteur du roman, Arthur Golden, est américain ? Il s’agit donc d’une vision précise et documentée, mais extérieure, d'un Occidental sur ce monde très à part. Une fois ce paramètre pris en compte, le choc initial de la langue est rapidement balayé par les décors : un travail particulièrement méticuleux a été accompli pour reconstituer l'univers luxueux et incroyablement cinégénique de ces artistes ultimes que sont les geishas. Les actrices censées les incarner ont toutes suivi des cours de maintien et de danse pour s'adapter à leurs tenues traditionnelles et être les plus crédibles possible.

C'est grâce à ce travail, mais également à la musique de John Williams, et surtout à la beauté de la lumière de Dion Beebe, déjà directeur photo de Chicago et Collateral, que Mémoires d'une geisha est un véritable plaisir des sens. Un bel écrin pour une histoire d'amour impossible, propice à l’émergence de rivalités féminines et masculines, débouchant sur une lutte acharnée pour le pouvoir à laquelle on assiste dans la deuxième moitié du récit. Par ses thèmes le film rappelle beaucoup Raisons et sentiments, les amateurs de Jane Austen y trouveront certainement leur compte… Mais la beauté du film n'empêche pas quelques baisses de rythme.

Sous le charme de ses actrices, Rob Marshall a parfois tendance à s'attarder sur des plans contemplatifs sans grande importance. Il réussit malgré tout à s'approprier et à mettre en valeur l’univers si mystérieux et fascinant des geishas.
Plus que Zhang Ziyi qui excelle essentiellement dans les scènes de danse (la danse étant son premier métier), on retiendra le retour de Gong Li, excellente dans un rôle pas facile où la comédienne ne perd pas de vue que derrière la méchanceté de Matsumomo se cache un terrible mal de vivre ; et Michelle Yeoh, dont l'expérience enrichit le jeu de film en film. Mémoires d'une geisha a aussi le mérite d'éviter la facilité : les sentiments exacerbés mais retenus des personnages ne sont pas gâchés par des scènes érotiques, attendues par certains (n’est-ce pas M. Eddy Adam ?). Il est rappelé très rapidement que « geisha » signifie « artiste » et non « prostituée ». Une vérité historique qui méritait d'être rétablie. Mémoires d'une geisha suit le destin tragique d'une femme. Universelle, cette histoire est devenue un best-seller et aujourd'hui un film magnifique.


En annexe: l'univers des geishas

Propos recueillis lors de l'émission " Métropolis " sur la 5ème chaîne le 12 juillet 1997. source

Interview de la célèbre Geisha : Madame NAKAMURA Kiharu (ce dernier étant son prénom et signifiant " Joie du Printemps ").

Fille de médecin, elle devint Geisha en 1920 (à 15 ans) et exerça cette profession durant 20 ans à Tôkyô. Issue d'une famille estimée, sa beauté l'a rendue célèbre bien au-delà des frontières du Japon.

Elle obtint son brevet de pilote et fût la Geisha " Number One ".

Elle se maria à un diplomate à l'âge de 27 ans dont elle eut un enfant.

Elle enseigne toujours les règles de savoir-vivre.

QUE SIGNIFIE " GEISHA " ? QUI EST-ELLE ?

LE RÔLE DE LA GEISHA :

La Geisha est une femme qui sait danser, préparer le thé pour adoucir les soirées.

Le terme Geisha est issu de 2 idéogrammes signifiant :

- plaisir,

- art.

Jusqu'à il y a un siècle, il existait des geishas hommes (amuseurs, jongleurs...) puis le terme s'est de plus en plus concentré sur le féminin.

Une cérémonie de maquillage dure plus d'une heure.

Il existe des écoles de formation aux Geishas et leur coût est élevé.

Le métier de Geisha nécessite beaucoup de travail ; le langage est élaboré ; tout comme le moindre mouvement de tête.

Le rôle de la Geisha est le suivant :

Elle doit créer une atmosphère de légèreté de plusieurs manières , par exemple:

- verser le thé selon les règles ; après la première gorgée resservir aussitôt

- pincer les cordes du shamisen

- réciter de courts poèmes de trois lignes

- savoir tenir correctement l'ombrelle.

Tout cela pour offrir aux hommes quelques heures de détente.

Toute la famille venait assister à la représentation des Geishas.

Les propos de Madame Nakamura sont les suivants :

" Nous avons donc également diverti des femmes, pas seulement des hommes. C'est là le grand malentendu. Les Geishas ne sont pas seulement les dames de compagnie des hommes. Mon métier consiste à créer une atmosphère de légèreté et de bien-être. Hollywood est responsable de l'image très fausse que l'on se fait de notre profession. "

A 70 ans elle écrit ses mémoires pour expliquer ce qu'est réellement le métier de geisha.

Nota : " Le monde des fleurs et des saules " (karyûkai), c'est ainsi que l'on nomme le monde des geishas.

Elles appartiennent à une maison (okiya) qui dépend d'un groupe (hanamachi) dans un quartier donné.

Leur bureau d'enregistrement tient à jour leurs rendez-vous, horaires et honoraires.

Les réservations sont faites par les hôtels, boîtes de nuit mais surtout par les grands restaurants traditionnels (ryôtei).

En plus de ses honoraires, la geisha reçoit un cadeau en argent de la part des clients. Les moins chères prennent environ 30 000 Yen.

Dans certains quartiers de Kyôto (notamment à Gion), vous pourrez peut-être apercevoir des geishas et apprenties-geishas (maikos) avec leurs éclatants kimonos et leurs superbes coiffures.

Je ne vous indique pas où les rencontrer, elles sont comme les perles de Toba... rares.


Extraits du roman " GEISHA " par Arthur Golden (édition JC Lattès). source

INTRODUCTION :

Sous la forme des mémoires d'une célèbre Geisha de Kyôto, ce roman traite de l'univers secret et étonnant des Geishas. Univers où les apparences font loi, où les femmes sont faites pour charmer et où l'amour doit être méprisé comme une illusion.

L'héroïne est une petite fille de 9 ans, aux superbes yeux gris bleu, vendue par son père, un modeste pêcheur, à une maison de Geishas. Ainsi commence l'histoire de Sayuri dans le Japon des années trente.

C'est à travers son regard d'enfant que l'on découvrira Gion, le quartier du plaisir à Kyôto (ou Heian-Kyo : capitale de la paix et de la tranquillité de 794 à 1195) avec ses temples resplendissants, ses théâtres raffinés. C'est à travers l'initiation de Sayuri que l'on apprendra l'art d'être Geisha, les rites de la danse et de la musique, les cérémonies de l'habillage, de la coiffure et du thé, comment il sied de servir le saké en dévoilant à peine son poignet, comment surtout il faut savoir attirer l'attention des hommes et déjouer la jalousie des rivales.

Née sous le signe de l'eau, n'agissant jamais sans consulter son almanach (pour voir si le jour est faste ou néfaste), Chyo (Sayuri) franchira épreuve sur épreuve et survivra à la seconde guerre mondiale qui détruisit le quartier de Gion.

°°°000°°°

LA VIE DANS " L'OKIYA " :

L'âge " légal " pour prétendre au métier de Geisha est trois ans et 3 jours.

C'est à cet âge qu'une petite fille pourra se voir confiée à une " Okiya ".

Les Geishas vivent à plusieurs dans une maison que l'on appelle " Okiya ". Dans cette maison cohabitent les responsables de l'Okiya, les apprenties-geishas (ou " maikos ") et les geishas (ou " geikos "). L'héroïne loge dans l'Okiya Nitta de Gion.

Toute geisha appartenant à une Okiya est recensée au Bureau d'Enregistrement de Gion.

Dans l'Okiya , il existe une hiérarchie et certaines règles à respecter pour la vie en communauté. Citons par exemple une règle tacite selon laquelle les dernières Geishas arrivées rangent leurs chaussures tout en haut des casiers comme sur une échelle.

Les Geishas sont encore plus superstitieuses que les pêcheurs. Une Geisha ne sortira pas le soir de l'Okiya sans que l'on ait fait jaillir des étincelles dans son dos pour lui porter chance. Ce rituel consiste à se placer derrière la Geisha en frottant une espèce de silex et une pierre rectangulaire, comme celles qu'utilisent les pêcheurs pour aiguiser leur couteaux.

LA " PANOPLIE " DE LA GEISHA :

a) Le kimono :

Le kimono constitue l'élément essentiel de la garde robe. Les kimonos enveloppés dans des papiers de soie sont rangés dans un petit local. Dans ce local se trouvent des étagères sur lesquelles des boîtes en laque rouge sont empilées le long du mur jusqu'au plafond, formant 2 remparts entre lesquels on peut à peine passer. A chaque extrémité du local, il y a des bouches d'aération avec des lattes très fines. Sur chaque boîte des idéogrammes indiquent à qui appartient le kimono. Les Geishas redoutent les incendies en raison de la valeur de certains kimonos. Ainsi, les kimonos les plus précieux sont stockés dans un coffre, à la banque.

Tous les kimonos sont de la même longueur, quelle que soit la femme qui les porte. Aussi doit-on replier le tissu sous l'obi - excepté pour les très grandes femmes -.

Il est rare qu'une geisha prête les kimonos de sa collection personnelle.

Citons au passage le célèbre créateur de kimonos de l'époque : Arashino. Le plus cher des kimonos coûtait largement plus que le revenu annuel d'un paysan.

Sous le kimono, la geisha porte une combinaison :

- " Ro " (en gaze de soie légère, pour l'été),

- ou " Hitoe " (non doublée pour l'automne).

Quand une geisha danse sur scène ou marche dans la rue, il lui arrive de soulever légèrement le bas de son kimono de la main gauche afin de se mouvoir plus facilement. Sa combinaison apparaît, dans la partie comprise entre sa cheville et le dessous de ses genoux. Ainsi, le motif et le tissu de la combinaison doivent-ils rappeler ceux du kimono. Le col de la combinaison dépasse, comme le col de chemise d'un homme qui porte un costume. Chaque jour, un col de soie est cousu sur la combinaison, le lendemain ce col est décousu puis lavé.

b) Le " Obi " :

Le " obi ", ceinture le kimono. C'est le noeud qui s'attache dans le dos. Un obi peut mesurer trois mètres cinquante de long, sur cinquante centimètres de large. Enroulé autour de la taille, il va du sternum au nombril. Divers rembourrages sont indispensables pour donner au noeud la forme adéquate.

La différence entre une Geisha et une prostituée réside dans le port du " Obi ". Le obi chez une prostituée s'attache devant. Une femme qui doit ôter puis remettre son obi toute la soirée, ne peut prendre le temps de le rattacher chaque fois dans son dos.

Les jeunes filles geishas s'habillent de façon plus sophistiqué que les femmes geishas : des couleurs plus vives, des tissus plus voyants, un obi plus long. Une femme mûre portera son obi noué dans le dos " en noeud de tambour " (en forme de boîte), que l'on réalise avec une petite longueur de tissu. Une fille de moins de vingt ans, portera un obi spectaculaire et une apprentie geisha un obi en forme de traîne ou " darari boi ", noué au niveau des omoplates et dont les extrémités traînent presque par terre.

Quand une apprentie geisha marche dans la rue vous ne verrez que son obi, il couvre la majeure partie de son dos. C'est le poids du obi qui rend son port difficile.

c) La coiffure :

Le " Wareshinobu " : le chignon ou pêche fendue.

La Geisha se fait coiffer une fois par semaine. Le coiffeur graisse les cheveux avec de l'huile de camélia pour leur donner un bel éclat puis cire la chevelure, ensuite en fait un gros chignon de la forme d'une pelote à épingles. Sur l'arrière cette pelote est fendue en deux parties égales. D'où le nom de pêche fendue, donné à cette coiffure. Pour faire ce chignon, on enroule les cheveux autour d'un morceau de tissu, sur l'arrière, à l'endroit où le chignon est fendu, on voit le tissu. Ce peut être n'importe quelle étoffe, de n'importe quelle couleur. Mais pour une maiko - du moins après une certaine étape dans sa vie (le mizuage) - c'est de la soie rouge. Quand une apprentie geisha est prête pour son mizuage, elle offre des " ekubo " (gâteau de riz signifiant fossette ayant un petit creux sur le dessus avec un minuscule cercle rouge au centre).

La plupart des innocentes n'ont pas idée de la façon dont ces coiffures en " pêche fendue " sont provocantes ! Imaginez, vous marchez dans la rue derrière une jeune geisha et vous voyez cette pêche sur la tête avec cette fente rouge. Qu'est-ce-qui vous viendrait à l'esprit ? Si cela n'évoque rien, alors servez-vous de votre imagination !

La geisha doit apprendre à dormir dans une position particulière pour ne pas se décoiffer. L'oreiller de la geisha, appelé " Takamakura " ressemble à un petit banc, avec un support rembourré avec de la balle de blé pour le cou. Ce n'est pas tant un oreiller qu'un support pour la nuque. C'est le seul moyen pour une Geisha de garder sa coiffure intacte en dormant.

d) Le maquillage :

Un bâtonnet de paulownia séché sert à dessiner les sourcils.

Une crème jaune pâle (à base de déjections de rossignol) est utilisée comme crème pour le visage, cette décoction est sensée régénérer la peau.

Un morceau de cire est malaxé, puis appliqué sur le visage, le cou et la poitrine.

Des bâtonnets de pigments sont employés pour appliquer du rouge sur les joues.

Le rouge pour les lèvres : à cette époque, la mode était de maquiller seulement la lèvre inférieure qui ainsi paraissait plus pulpeuse.

La décoration de la nuque est très importante. Au Japon, un cou dénudé est très érotique. Si le mâle occidental fait une fixation sur les jambes des femmes, le Japonais regarde d'abord leur gorge et leur nuque, raison pour laquelle les geishas portent des kimonos décolletés dans le dos. On voit l'arête de leurs premières vertèbres dorsales. Une Japonaise qui découvre sa nuque, c'est un peu comme une parisienne en minijupe. Sur la nuque, on dessine un motif appelé " sansbon-ashi " - trois jambes -. On a l'impression de regarder la peau nue à travers les pointes effilées d'une clôture blanche.

e) Les chaussures :

La geisha chausse des " zori " ou des " okobo ".

Les Zori sont des sandales en paille grossièrement tissés alors que ceux de la Geisha sont laqués.

Les okobo sont des chaussures en bois, pointues, assez hautes, avec des lanières laquées.

La geisha porte également des chaussettes blanches appelées " tabi ". Ces chaussettes se boutonnent sur le côté de la cheville pour en épouser parfaitement la forme.

LE ROLE DE LA " GRANDE SŒUR " :

Quand une fille est prête à devenir apprentie-Geisha, elle doit nouer une relation avec une Geisha plus expérimentée : la " Grande Sœur ". La Grande Sœur n'est pas forcément plus âgée que la future Geisha dont elle assure la formation. Il suffit qu'elle soit son aînée d'un jour.

Lorsque 2 filles deviennent soeurs, elles procèdent à une cérémonie qui ressemble à celle d'un mariage.

Après quoi, elles se considèrent comme parente et s'appellent " Grande Sœur " et " Petite Sœur ", comme dans une vraie famille.

La Grande Sœur apprend à sa cadette comment réagir à une plaisanterie graveleuse : avec un subtil mélange de plaisir et d'embarras, lui dit quelle cire choisir comme base de maquillage. Mais son rôle va bien au-delà. Elle doit s'assurer que la novice saura attirer l'attention des gens qu'il lui serait utile de connaître. Ainsi, la grande sœur emmène la cadette dans Gion. Elle la présente aux maîtresses des maisons de thé qu'il lui serait bon de fréquenter, aux perruquiers, aux chefs des grands restaurants... Le soir, la Grande Sœur emmènera sa cadette dans les maisons de thé, pour la présenter à ses clients et autres protecteurs. L'uns d'entre eux finira probablement par devenir l'un de ses protecteurs, et par apprécier vivement sa compagnie. Si la Petite Sœur se conduit mal, la responsabilité retombe sur sa Grande Sœur. Une Geisha célèbre supportera tous ces aléas car lorsqu'une apprentie-geisha réussit, toute la communauté en profite. L'apprentie en bénéficie : elle peut payer ses dettes. Quant à la Grande Sœur, elle touche une part des honoraires de sa cadettes ainsi que les maîtresses des différentes maisons de thé que fréquente la jeune apprentie. Tout le quartier de Gion en profite car elle amène de nouveaux clients, qui font prospérer les affaires.

La destinée de toute future Geisha est entre les mains de sa Grande Sœur. Une Geisha connue ne mettra pas sa réputation en péril en prenant une Petite Sœur qu'elle juge obtuse, ou susceptible de déplaire à ses protecteurs.

LE " DANNA " :

Il arrive qu'une Geisha cède à un homme qu'elle trouve séduisant. Mais elles restera discrète car sa réputation et son aisance financière sont en jeu.

Le " Danna ", s'il veut s'engager dans une longue liaison, sera prêt à faire une proposition honnête. Alors la Geisha acceptera un tel arrangement avec joie. On ne gagne vraiment de l'argent qu'en ayant un Danna.

Si la Geisha se lie à un Danna, elle le fera par l'intermédiaire d'une cérémonie. Ce lien dure 6 mois, parfois davantage.

Le Danna réglera une partie des dettes de la Geisha (qui rembourse son Okiya pour les frais engendrés depuis son arrivée à l'Okiya). Il rembourse une partie de ses dépenses (son maquillage, ses leçons, voire ses frais médicaux, sa taxe d'enregistrement, ses repas). Il lui paiera des bijoux, des kimonos et sponsorisera pour elle des spectacles de danses. Outre son entretien, qui lui coûtera des sommes folles, le " Danna " continuera à payer la Geisha à son tarif horaire (comme le font ses autres clients) chaque fois qu'il passera du temps avec elle. Parfois, il paiera davantage que le tarif habituel, afin de montrer sa bonne volonté. Mais il a également droit à certains " privilèges ".

Quand une geisha arrive dans une maison de thé, la maîtresse de la maison allume un bâtonnet d'encens qui met environ une heure à se consumer. On appelle cela une " o-hana " ou " fleur ". Les honoraires de la geisha sont calculés selon le nombre de bâtons d'encens consumés au moment du départ.

Le prix d'une o-hana est fixé par le Bureau d'Enregistrement de Gion. En 1930, une ohana coûtait le prix de 2 bouteilles de saké. Les geishas les plus cotées pouvaient réclamer une o-hana toutes les 5 minutes. Il restera à la geisha à peine plus de la moitié de ce qu'elle gagne, le reste partant chez l'habilleur, à l'okiya, à la maison de thé...

LES ARTS PRATIQUES PAR LA GEISHA :

De tous les arts pratiqués par la Geisha, la danse est le plus révéré. La danse et la cérémonie du thé sont des traditions d'une richesse incomparable. Toutes les Geishas doivent étudier la danse, mais seules les plus douées et les plus belles d'entre elles, se verront encouragées à se spécialiser dans cet art, plutôt que dans celui du chant, du shamisen, du " Tsutsumi ", de " l'okawa " ou du " Taiko " (tambour).

Le shamisen, on l'appelle parfois la guitare japonaise, mais en fait c'est bien plus petit qu'une guitare. Cet instrument a un manche en bois, assez étroit, avec trois chevilles à l'extrémité. Le corps du shamisen est un petit coffre en bois, avec de la peau de chat tendue sur le dessus, comme un tambour. On peut démonter un shamisen, puis le glisser dans un sac, ou dans une boîte. C'est d'ailleurs ainsi qu'on le transporte.

Au début des années vingt, le " Japan Travel Bureau " organisa sa première campagne publicitaire à l'échelle mondiale. Sur l'affiche, on voyait la pagode du temple Toji (au Sud-Est de Tôkyô), un cerisier et une jolie apprentie Geisha. Celle-ci souriait timide et gracieuse. Elle avait des traits délicats. Cette apprentie Geisha était la grande sœur de l'héroïne de ce livre. On vit cette affiche dans toutes les grandes capitales, avec le slogan " Venez visiter le Pays du Soleil Levant ", en anglais, en allemand, en français et en russe. Cette maiko de 16 ans se vit sollicitée par tous les hommes d'Etats en visite au Japon. Elle servit à boire à Charlie Chaplin et Hemingway.

Une Geisha est avant tout une artiste, capable de se produire en public. Elle sert du saké aux hommes, jamais elle ne va chercher à manger. Sa servante la soigne si bien qu'elle sait à peine s'habiller seule ou ranger sa chambre.    

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