Ne vous prenez pas la tête!
REPEINDRE
Le centre de ta vie n'est que périphérie
Du lieu réel où se trouve la douce Vie
Retourne donc tes yeux direct vers l'intérieur
Va loin au plus profond chercher le réel coeur
S'il te plait de ballader partout cet ennui
Il en sera ainsi tout au long de ta vie
Changeront et bougeront tous les paysages
Dont tu n'auras été pas plus qu'une simple image
De vaines ballades en décors artificiels
De creuses et plates activités superficielles
Alors que sans bouger tu pourrais voyager
Et teinter ta vie de couleurs hallucinées
En vert d'azur sur fond d'orage très indigo
En flammes de feu qui brûle sans air, c'est beau
En rouge carmin si tu n'aimes pas le jasmin
En éther neutre suivant l'humeur de ton sein
VENT DE SABLE
Telle une dune caressée par un vent très chaud
Transportant les arômes de pays tropicaux
L'univers envoûté se transforme en milliards
D'instants de sable, protéiformes étendards
Des renaissances ensorcelées par les reflets
De l'ignorance et de ses étonnants effets
A chaque instant six mille millions créent l'étincelle
Allumant autant de galaxies artificielles
Dans ces décors hallucinés et irradiants
Se jouent et se rejouent les guerres des amants
Maléfiques âmes qui oublient de s'émerveiller
Trop occupées à gérer leurs propriétés
Il suffit pourtant d'un instant troublant pour voir
Qu'il n'est nul besoin de se soucier de l'histoire
Les bien aimées se satisfont du resplendir
Pour quelle autre raison devraient-elles devenir
D'ABORD ET AVANT TOUT
Pain quotidien du matin, émergence
Chaleur qui provient du sein, évidence
Pas une ombre dans ce tableau védantin
Pas même un petit chagrin, délivrance
Voyage en terre inconnue, intérieure
A chaque instant ingénue, telle une fleur
Redécouvrir la vérité comme un tissu
Coloré tout en étant écru, pure splendeur
Sourire qui clarifie l'esprit, étincelant
Les sens éteints en harmonie, pétillant
Délié de tous les liens ensorcelants
Offerte nue à l'infini, immanent
De l'anecdotique essaie de te dépouiller
Pour retrouver le charme du désert vide et nu
Un rire sincère vaut tous les palais royaux
Quand la profondeur le transforme en beau joyau
(extrait)
JE NE CONNAIS RIEN
Pas d'objet à chasser, pure présence
Non-désir par milliers, en absence
Par un pur et joyeux néant enfanté
Une autre humanité, quelle conscience
Fini le temps du bonheur, déchaîné
Plus d'espace de malheur, éventé
Torrent qui se transforme en douceur
Crucifié en plein coeur, libéré
Aucune liberté dans l'air, asservi
Les yeux pleins de lumière, ébloui
Imprégné des senteurs de l'éther
Voguant dans l'atmosphère, resplendis
UNE TRAVERSEE
C'était comme traverser la Mer Rouge, ce jour-là
Avec le désordre et ses chars lourds engloutis
Puis dans le pur désert cheminer pas à pas
Pour rencontrer Rahab, conscience de la vie
C'était traverser la Mer égée, rappelle-toi
Tous ces héros affrontant les embruns glacés
Pour fabriquer cet animal bardé de bois
Qui libéra Hélène et permit l'odyssée
C'est le passage qui mène à la divine prairie
Où t'attend tendrement un homme nommé Rumi
C'est là le lieu sans lieu où commence la Vie
Dans ce désert où tu n'es plus que ressenti
TRIADE
Tu n'as jamais cessé d'être l'Amant et l'Amour
Et l'Aimé, cela depuis les plus anciens temps
Il n'a jamais été d'autre idée alentour
Tout est contenu dans le seul instant présent
Il ne bat qu'un seul coeur, au-delà du vermeil
De lui est issu la création des merveilles
Sans besoin d'oxygène une seule respiration
D'où est absent le moindre signe d'expiration
Que pourrais-tu chercher que tu n'aies pas créé
Ton monde est balisé par les barrières mentales
Si ces murailles dans l'air se sont désintégrées
Tu n'es que nue, offerte au vent subliminal
Et le Souffle t'emporte au gré de tous courants
Sur Son passage s'embrasent et s'illuminent les yeux
Reflets de ce feu qui luit en ton sein aimant
Brasier sur lequel se consument les Amoureux
DECOLLAGE
Reflets dans l'eau claire, un miroir
Emulsions de lumière, dans le noir
Chemin qui dissout l'ordre éphémère
Fusion sans matière, aucun illusoire
Prisme autour d'un fou, rayonnant
La ferveur des andalous, déroutant
L'espace dilaté porté comme un bijou
D'ivoire et d'acajou, envoûtant
Impermanence sidérale, éventail
De lumière hautement boréale, hors les rails
Train de galaxies non imaginales
Sorti du phénoménal, amoureux soupirail