Mon prince

Ah, tu me reconnais, malgré mes aspects divers et changeants,
tous mes déguisements, tous mes handicaps, tout le mensonge des apparences.

Est-ce que je porte bien les guenilles?
Ai-je assez dissimulé ma féminité sous des peaux monstrueuses?

Tu m'aimes, dis Prince?
Tu me préfères à tous et toutes?
Tu as su découvrir ma beauté cachée, malgré ma peau humide et mon odeur de varech???

Tu as su lire à l'intérieur, tout au fond de mon coeur?

Tu as su découvrir la grâce au-delà de toutes mes blessures?
la simplicité à travers le labyrinthe de mes complexités?
l'unicité en rassemblant tous les sénari épars?

Tu t'es réjoui de l'extrême sensibilité et la ferveur de mon âme,
mon Désir si fort, si impérieux, si tenace?

Tu m'as embrassée, embrassée presque jusqu'à l'étouffement!

Tu m'as caressée, caressée presque jusqu'à l'abrasion!

Tu m'as éprouvée, éprouvée, presque jusqu'à la perte!

Tu m'as réveillée, réveillée, presque jusqu'à l'insomnie permanente!

Je ne t'ai pas trop fui,
pas vraiment échappé.

Tu ne m'as pas laissée tomber!
Tu ne t'es pas découragé.

Alors tout est quoi?
Qui finit comment?!

Les liens sont tranchés
les cages ouvertes
les noeuds dénoués
le passage frayé à travers la forêt
la voie est libre, dégagée
les collines applanies, les montagnes abaissées

le seul obstacle demeurant serait-il vraiment ce minuscule petit pois sous le dizième édredon
qui, la nuit dernière, macha ma chair et la rendit violette?