Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Elguijaronegro
17 octobre 2006

Bal des corsaires (inédit)

Kathalin tient à ses idées, elle veut à tout prix que nous rencontrions son copain Aldo au Bookstore!
Moi, je n'y tiens vraiment pas, mais je ne peux lui refuser ce caprice.
Elle m'entraine donc dans la boutique, je fais mine de m'interesser aux publications, je feuillette les bouquins, tandis qu'elle parlemente avec Aldo.
-Alors vous venez au phare?
-Non, il y a un bal ce soir
-Oui, on pourrait vous y amener
-Nous habitons dans le quartier de la Milady
-On viendra vous chercher en voiture
-Vous ne pourrez pas vous tromper, j'afficherai sur notre cabane un panneau "les flots bleus", c'est à Beau Rivage
-On sera là à 21 heures

Pendant tout le trajet du retour, je houspille Kathalin:
-Mais qu'est-ce que tu as fait là, comment va-t-on se tirer de cette affaire?
-T'en fais pas! C'est juste pour s'amuser!
Tu aimes ça, non?
-Plus tellement!
-Ecoute, je t'avertis, ce gars voulait nous donner rendez-vous au phare, c'est un endroit mal fréquenté de nuit, et j'ai préféré qu'on les teste au bal des Corsaires. Un conseil pour ce soir, quoi que je dise ou fasse, ne me contredis pas, laisse-moi faire, laisse-moi parler. Et imite-moi.
-Pas de problème, je n'ai pas envie de parler, tu vois!

Arrivées à la maison, nous recherchons aussitôt les éléments de costume qui feront de nous des vraies pirates. Kathalin a une chemise blanche à jabot, des caleçons verts, une belle ceinture à boucle d'argent, des richelieux en cuir havane,  et un mouchoir rouge pour relever ses cheveux bruns. Elle me prète un corsaire bleu marine, une paire de balerine noires vernies, une chemise orange que je noue sur mon nombril, j'arrange mon voile à la manière espagnole, j'entoure mon ventre d'un large foulard grenat,  je mets ma paire de créoles. Nous avons belle allure et nous prenons des poses redoutables face à la grande psyché de la salle de bain! "Et à la fin de l'envoi, je touche!"

En attendant l'heure, nous chantons, j'accompagne sur ma guitare toute neuve, un vrai régal. Vingt et une heures, la tension monte, Kathalin pointe le nez hors de la cabane toutes les deux minutes, Maritxu vient aux nouvelles et se moque gentiment de nous.
Tout notre répertoire chanté y passe, personne en vue, il est 21 h 20 et nous décidons d'aller toutes trois à pied comme des grandes, entre filles au bal!

Ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, je sais danser seule, d'autant plus que les mutxikoak ne nécessitent aucun cavalier particulier.

Je repense à Paskoal et José, oui, avec eux, j'aurais bien aimé...
Non, ne plus y penser, tout est bien! On va bien s'amuser toutes les trois.

Le bal est déjà commencé, nous prenons place dans le cercle, c'est un "Carnaval", ce qui est amusant, c'est de voir de plus en plus fréquemment les filles s'intégrer à ces chorégraphies réservées autrefois aux hommes. Je suis heureuse, sur ces rythmes solaires je m'ouvre, je me donne entièrement. J'y suis toute livrée, c'est déjà l'éternité!
Nous sommes en nage et à bout de souffle lorsque deux garçons nous abordent:
- Alors les filles, vous nous avez posé un lapin?

Voici Aldo et son copain Miguel que nous découvrons large et trapu, autant que je suis fine et menue! Ca ne va pas être triste!

-On vous a attendues jusqu'à la demie, on a silloné tout le quartier, pas trouvé la "résidence des flots bleus", nulle part.
-C'est que vous n'avez pas bien cherché dit Kathalin en s'étouffant de rire.
-Qui vous a amenées?
-Mon frère, dit Kathalin en désignant d'un geste très vague un groupe de jeunes inconnus, plus loin.
-On va prendre un verre?
-Oui, si vous voulez.
-Au comptoir ou dans un café?
-Au café, nous pourrons passer aux toilettes.
Il y a Maritxu aussi avec nous...
-Qu'elle vienne dit Aldo en haussant les épaules d'un air fataliste.

Nous entrons dans le café bondé et enfumé, Aldo se fraie un chemin vers le comptoir pour commander, nous ressortons en terrasse, il fait meilleur.
Kathalin s'installe face à moi, Maritxu à sa gauche, Miguel, à ma droite. Je ne me sens pas très bien, je renifle la sueur et l'alcool en provenance de mon futur cavalier, une vague odeur d'herbe...il nous reluque comme un maquignon, dès qu'Aldo revient, je m'éclipse aux WC, et j'y reste un bon moment. Je suis inquiète pour Maritxou, malgré sa grande taille, elle est très jeune, j'espère qu'aucun des deux compères ne lui proposera quoi que ce soit!

A mon retour je perçois  une tension inhabituelle chez mon amie, elle m'accueille bruyamment, se rapproche de moi, m'entoure le cou du bras, joue avec mes boucles:
-On s'amuse bien, pas vrai mon chou?
Un frisson de haine et de dégout me parcours, j'ai envie de lui balancer une claque, à quoi joue-t-elle soudain, pour qui veut-elle nous faire passer...et devant sa soeur en plus!
Mais je me souviens de sa mise en garde et je m'efforce de sourire, de prendre mon air le plus naturel et décontracté, de répondre avec légèreté, sans croiser les yeux de Maritxu.
Je la vois prendre sa conso, boire d'un trait, et me fixer avec insistance.
J'ouvre ma cannette de coca et je fais de même qu'elle: je bois en continu, très sérieusement et très longuement, jusqu'à la dernière goutte, sans quitter des yeux Kathalin, les garçons ont déjà commandé une deuxième tournée de Ricard. Aldo qui s'est placé entre Kathalin et Maritxu passe tendrement les bras autour du cou de ses deux voisines, Miguel tente de faire de même avec moi toute seule, mais je repousse doucement ses mains:
-Viens plutôt danser!
Il se lève à ma suite et tente maladroitement de me faire valser, il est si comique et touchant que je me déride et dans un élan de joie spontanée, pose ma tête sur son épaule, je le sens plus proche vraiment tout à coup. lui aussi me sent très proche, je sens mes résolutions me lacher...MAIS

Aldo et les filles nous rejoignent:
-Si on allait en boîte en Espagne?
-Non, Maritxu n'a pas l'âge, mon frère doit nous ramener bientôt, il part tôt en mer demain, et puis, nous désirons continuer à danser basque pour le moment...
-Ce ne sont pas des danses que nous avons l'habitude de pratiquer, et nous n'aimons pas nous rendre ridicules!
-Pas de problème, comme vous voulez, ne vous génez pas pour nous ce soir, et venez plutôt nous prendre demain à Ainhoa, on va à une partie de pelote à main nue. Ensuite, vers 19 heures il y a l'appéritif avec les bandas, on sera au café l'Eskura, sur la place du fronton, vous ne pourrez pas nous louper cette fois, vous nous amènerez où bon vous semblera pour la soirée, à moins que vous ne désiriez rester pour la retraite au flambeaux et le bal qui suit.
-Très bien, alors à demain, je pense qu'on vous emmènera dans un super endroit, vous verrez, vous ne serez pas déçues!
-J'espère bien! dit Kathelin fermement enthousiaste, pour conclure.

Une fois les gars partis, je laisse déborder mon indignation:
-Je n'y comprends rien, tu veux vraiment qu'on aille à Ainhoa demain? et qu'on parte en boîte avec eux?
-Non, on ne va pas à Ainhoa!
-Mais?
-Lorsque tu es partie aux toilettes, je les ai entendus échanger tout bas quelques mots en basque. Je pense tu vois, que nous l'avons échappée belle ce soir, on ne leur donnera aucune autre chance!
-Stupide! Aldo te retrouvera!
-Non, il connaît à peine mon prénom, et il n'a pas été capable de se rappeler de mon adresse, ils seront dégoûtés demain, on ne les reverra pas, crois moi!
-Mais enfin, où l'as-tu rencontré?
-En stage d'animation socioculturelle, à Pâques, il paraissait sympa alors j'ai retenu ses coordonnées, je me suis trompée sur son compte. Ne t'inquiète pas, ils ne fréquentent pas les mêmes lieux que nous, on ne retournera pas au Bookstore de tout l'été, c'est tout,  nous ne les reverrons jamais.
-Dommage, il y a de super livres au Bookstore...

Tah (31 août 06)

Publicité
Commentaires
J
demain
J
tu pourras lire la suite ou le début pèle-mèle, c'est encore plus exitant! de temps en temps lorsque j'aurai eu la force de recopier!<br /> un espèce de feuilleton si l'on veut...<br /> <br /> tu vas y voyager au pays basque!<br /> <br /> je voulais parler de cette histoire, c'est toujours à mots un peu couverts tu sais, mais dans les coms, il arrive que je me "lache" un peu davantage: Kathalin ne voulait pas que les gars nous mettent dans les verres certaine substance qui nous eut porté grandement préjudice, tu vois. Elle a compris ce que les gars recherchaient de nous, et pourtant c'est elle qui nous avait jeté ou presque dans le piège! mais ça! <br /> on en vivra bien d'autres elle et moi!<br /> pas toujours avec Maritxu, trop jeune, mais avec Paskoal et José, ses grands et beaux frères!<br /> <br /> qui vivra, lira!<br /> <br /> bonne soirée, merci d'être passée
C
Ah ces filles!! Parfois têtes folles. Cela peut mener loin et pas toujours là où l'on souhaite.<br /> <br /> En tout cas ton texte est un vrai voyage du côté du pays Basque.<br /> <br /> bisous ma douce
Publicité