Moliets (1)
DANS
LES
LANDES (1)
(ou le début de la "saga" de ma passion pour Moliets, Léon et le Courant d'Huchet)
Soleil aux rayons verts
(j'ai réllement vu le "rayon vert" à Anglet, depuis la côte qui remonte vers la route en corniche, un soir de printemps en 1984 je pense. Il apparaît fugacement au moment précis où le soleil disparait à l'horizon, et non pas comme sur mon dessin où il n'a pas encore complètement disparu)
Je crois que depuis longtemps, la mer n'a pas été aussi belle
presque étale, quelques rouleaux seulement à proximité de la plage
il a fallu que je revienne à nouveau vers la mer, ma mère
je n'aurais pu vivre sans elle, elle est mon élément primordial
c'est comme si j'étais née d'elle et que j'aie besoin de m'y restructurer après cette longue maladie dont je commence à peine à percevoir le bout du tunnel
il me faut sa présence, sa couleur, sa musique, son odeur, sa mouvance perpétuelle
cette surprise glacée et mousseuse mordant mes chevilles
ces coups de boutoir qui font reculer et tituber
cette brise de nord qui parcourt la grève, messagère de la lande
ce vent de mer chargé des embruns du large
cette brume dorée qui embue les contours, donnant au tableau un petit air impressionniste
il est huit heures, heure d'été
le soleil descend très lentement
il fera jour encore longtemps
nous reviendrons après souper, un peu plus couverts
les pêcheurs ont mâté leurs lignes au raz de l'eau, à quelques mètres de nous, ils ont amassé une provision de bois et de débris de plastique sans doute allumeront-ils un feu la nuit tombée
aussi bien que je sois, le vent fraîchit, il est temps de regagner l'abri des dunes
là derrière, on n'entend plus rien du ressac
sait-on seulement que l'on est si près, si près de la mer?
Nous sommes revenus, le feu nous a ramené vers les pêcheurs
ils nous ont invité à nous chauffer avec eux
nous nous sommes assis à distance respectable pour ne pas être cramés le vent d'est chassait la fumée vers la mer
ils n'avaient rien pris depuis que nous les avions quittés et comptaient attendre jusqu'à cinq heures du mat'
ils avaient vécu le coucher du soleil, ils verraient l'avènement de l'aube
je les enviais par une si belle nuit
il fallut rentrer à cause d'Ara qui somnolait déjà
après avoir suivi les ébats phosphorescents des rouleaux se propageant comme la flamme et le crépitement sur une trainée de poudre qui prend feu, nous avons regagné la dune
en levant les yeux, j'ai vu une étoile filante.
Nous venons de passer trois jours merveilleux dans les landes
Trois jours où nous n'avons fait que regarder la mer, et nous plonger dedans
sous un ciel sans nuages
nous avons vu le soleil dorer la brume, puis rougeoyer tandis que l'horizon se voilait de mauve et que la mer virait au parme,
son écume devenant violet phosphorescent
nous avons vu le soleil passer à travers le tamis d'un halo de brume puis sombrer ovoïde avant d'avoir atteint la mer
nous avons vu les naturistes, des hommes surtout, présenter leurs fesses et leur sexe nu à l'écume
et pour ne pas changer, nous sommes revenus rouges comme des écrevisses et brû1ants comme des briques réfractaires
mis à part un furoncle, je n'ai plus aucun symptôme comme dirait le médecin, cependant je ne vais pas trop espérer, J'attends...