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Elguijaronegro
10 septembre 2005

Quand m'embrasseras-tu ?

J'ai trouvé ce très beau poème ici

Prenom_1mon prénom Calligraphie de Lassaâd Metoui

Quand m’embrasseras-tu?
Quand je croirai qu’il m’est donné de croire
que ces deux lèvres sont ouvertes pour moi.
Pour qui, sinon?
Pour une voix surgie d’une constellation lointaine.
Sais-tu que tes yeux peuvent donner à la nuit les
couleurs que tu veux?
Embrasse-moi!
La pluie derrière la vitre, une braise de l’autre côté.
Pourquoi faut-il qu’il pleuve autant?
Pour que tu restes en moi…
Le plaisir naît du plaisir.
La pluie qui ne cesse, un feu qui ne s’éteint,
un corps qui ne finit.
Un désir qui disperse les ombres et les membres.
Nous ne dormons que pour être éveillés
par le sel assoiffé de miel, par l’odeur du café
à peine brûlé par les embrasements du marbre.
Glaciale et torride est cette nuit,
glaciale et torride est cette plainte.
Me brûle une soie que rien ne peut froisser,
qui se tend davantage chaque fois qu’elle rencontre ma peau et crisse.
L’air est une pelote d’aiguilles, caresse
humide et tiède entre mes orteils, sur mes épaules
comme une vipère qui se dresse et siffle sur les braises.
Une bouche qui dévore les présents du corps.
Ne reste de la langue que le cri de la chambre close
où s’ébattent des animaux familiers.
Mort que nous nous donnons l’un l’autre, de l’autre côté de la fenêtre."

Mahmoud Darwich
"Une mémoire pour l’oubli"

Et cet autre:

Au loin, au plus profond

Au loin, Au plus profond
et dans l'apesanteur du fond
où se réalisent les rêves,
s'unissent deux volontés
pour accomplir un désir.

Un baiser embrase la vie
En un éclair, un coup de tonnerre,
et par une métamorphose
mon corps n'est déjà plus mon corps ;
c'est comme pénétrer au centre de l'univers.

L'étreinte la plus puérile,
et le plus pur des baisers,
jusqu'à nous voir réduits
en un unique désir.

Ton regard et mon regard
comme un écho qui se répète, sans aucune parole :
encore plus loin, au plus profond
jusqu'à l'au-delà absolu
par le sang et par les os.

Mais toujours je me réveille
et toujours, je veux être mort
pour continuer avec ma bouche
emmêlée dans tes cheveux.

Ramon Sampedro

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