Quelque chose du dedans
Comment se peut-il
que sans être incurable
on ne veuille pas guérir ?
Sortir de sa nuit
après une croissance imparfaite
se réveiller l’âme décolorée
ébouriffée.
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Peut-on être nomade du temps ?
Peut-on être
d’une vie à une autre
passant ?
-
Silence des morts rebelles
qui renforcent les nœuds.
Silence de la vie
au hasard fixée
ou plantée telle une épine
indurée en nos rêves
irritant nos fougues.
-
Qui peut nous retenir
contre le vertige du dedans
si large si vide ?
-
Ceux à mi-chemin
arrêtés fébriles
comme des vagues poursuivies
ceux avec leurs mots lourds
tout fripés de tendresse
balancés à contre-temps
-
ceux boutefeux par désespoir
incendiaires
exacerbés d’espérance
ceux musiciens des songes
qui tâtonnent sans répit
lézardés jusqu’à la moelle
-
ceux que nulle main n’a guidés
qui s’épuisent à rassembler
leurs brisures
-
ceux qui mordent à bouche pleine
les pensées fauves
les passions sans remontée
-
ceux qui n’ont plus de frontières
et qui implosent chargés de sang
et de brûlures…
-
Qui peut emmurer
le vertige au-dedans
qui peut sceller notre cœur
pour qu’il cesse de s’affoler
pour un souffle d’air
ou d’ange distrait ?
-
Qui ?
(A.S.)